PARIS (Reuters) - Le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a mis en garde mardi contre la "fatigue" du système de soins français en cas de deuxième flambée épidémique due au nouveau coronavirus.
"Les soignants français ont une capacité à répondre. Ils l'ont fait une fois, je ne suis pas sûr qu'ils puissent le faire une deuxième fois. Ils sont dans une fatigue générale, une lassitude", a souligné le médecin lors d'une audition devant la commission d'enquête du Sénat pour l'évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies.
"Il faut faire très attention à ça. (...) Cet exemple extraordinaire s'est produit en mars-avril. Il y aura une grande difficulté si on avait besoin de revenir à des choses difficiles et à ce que le modèle hospitalier réponde aux besoins."
Le professeur Delfraissy a également formulé un regret sur la gestion de la crise sanitaire dans les Ehpad.
"On s'est bien aperçu que les Ehpad étaient beaucoup moins médicalisés que l'on pensait", a-t-il reconnu. "S'il y avait une reprise du virus dans les semaines qui viennent, (il faut) que tout soit prêt."
Alors que la pandémie, qui a fait près de 31.000 morts en France, connaît un regain d'intensité, les autorités ont pris des mesures pour favoriser les tests et laissé aux autorités locales, dans les Bouches-du-Rhône et en Gironde notamment, annoncer de nouvelles restrictions.
A propos des tests, le professeur Delfraissy a annoncé que des prélèvements salivaires seraient opérationnels fin septembre-début octobre.
En réponse à certaines critiques, le scientifique a insisté sur le rôle de conseil de l'instance qu'il préside, créée le 11 mars 2020 et prolongée jusqu'au 30 octobre pour l'instant.
"En France, c'est le politique qui décide" en matière de gestion des épidémies, a-t-il insisté. "Il n'y a absolument pas de troisième pouvoir médical (...) Nous ne sommes pas une instance de décision, nous ne décidons rien, c'est bien le politique qui décide, on est là pour l'éclairer."
(Elizabeth Pineau et Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)