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Deux jours pour tenter d'éviter un "Brexit"

Publié le 18/02/2016 12:16
© Reuters. DEUX JOURS POUR TENTER D'ÉVITER UN "BREXIT"

par Elizabeth Piper et Alastair Macdonald

BRUXELLES (Reuters) - Le Premier ministre britannique, David Cameron, est attendu jeudi à Bruxelles pour un sommet européen du "maintenant ou jamais" avec l'objectif d'obtenir les concessions qui lui permettront de convaincre les Britanniques de rester dans l'Union européenne.

Si le Conseil européen de Bruxelles parvient à un accord qu'il jugera satisfaisant, il pourra organiser rapidement, probablement avant la fin juin, le référendum qu'il a promis sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'UE.

Une nouvelle version d'un projet d'accord a été adressé dans la nuit de mercredi à jeudi aux dirigeants des Vingt-Huit. Ce texte, que Reuters a pu consulter, tente de surmonter les divergences qui subsistent sur les dossiers les plus problématiques : l'immigration européenne en Grande-Bretagne et les sauvegardes réclamées par Londres sur la réglementation financière.

Mais les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Huit, qui se retrouveront en milieu d'après-midi et négocieront jusqu'à vendredi, auront beaucoup à faire.

"Je pense qu'il y a à tous les niveaux la volonté d'essayer d'y arriver et de prendre le temps qu'il faudra pour y arriver", note un diplomate de haut rang de l'Union européenne. "L'ambiance à Bruxelles, c'est que si nous n'arrivons pas à régler cela maintenant, nous n'y arriverons jamais", ajoute-t-il.

PRÉCÉDENT POUR D'AUTRES PAYS MEMBRES ?

Le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, souhaité par les Vingt-Huit mais qui divise l'opinion publique britannique, lèverait une forte incertitude pour l'Europe, déjà confrontée à la plus grave crise migratoire depuis la Deuxième Guerre mondiale, à une montée des mouvements extrémistes, à la menace terroriste et à la mollesse persistante de l'économie.

Réélu en mai dernier, David Cameron a réclamé une renégociation des relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne sur quatre domaines qu'il juge cruciaux (1. compétitivité; 2. gouvernance économique et notamment les relations entre pays membres et non membres de la zone euro afin de sauvegarder les intérêts de la City; 3. souveraineté; et 4. prestations sociales et libre circulation des personnes).

Depuis des semaines, il fait le tour des capitales européennes pour tenter d'obtenir un accord.

Dans le même temps, des négociations ont eu lieu entre Londres et Bruxelles pour élaborer une proposition de réformes, que le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a exposé début février. Les discussions se sont poursuivies depuis entre les "sherpas" des Vingt-Huit.

Des responsables de l'Union européenne rapportent que certains dirigeants redoutent toujours que les exigences de Cameron n'incitent d'autres pays-membres à modifier les "arrangements" organisant leur présence de l'ensemble communautaire.

Mais la dernière version en date du projet d'accord précise bien, notamment au chapitre sur l'immigration, que les solutions ont été conçues sur mesure pour prendre en compte les spécificités du système britannique de protection sociale.

"PAS DE MEILLEUR MOMENT POUR UN COMPROMIS"

"Les négociations sont très avancées et nous devons nous servir de cette dynamique", écrit Donald Tusk dans sa lettre d'invitation aux dirigeants européens. "Il n'y aura pas de meilleur moment pour un compromis", ajoute le président du Conseil européen. Mardi, il s'était dit "convaincu" qu'il ne restait que quelques pas à faire pour parvenir à un accord.

Mais le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a déclaré jeudi matin qu'il était "prudemment optimiste" sur les chances de succès du sommet européen. Le Premier ministre français, Manuel Valls, a quant à lui estimé mercredi qu'un accord était possible et souhaitable.

Les négociations se concentraient ces derniers jours sur les problèmes de gouvernance économique, les rapports entre la zone euro et les pays qui n'en font pas partie, et la réglementation financière - afin que les institutions financières britanniques ne bénéficient pas d'un avantage sur leurs concurrentes.

Autre dossier tendu, la possibilité pour le Royaume-Uni de priver de prestations sociales les travailleurs européens arrivés sur son sol, pendant un temps limité et si des conditions exceptionnelles sont identifiées : un afflux exceptionnel de travailleurs menaçant l'équilibre du marché du travail.

Les deux autres domaines (la compétitivité de l'Europe et la place des parlements nationaux) faisaient quant à eux l'objet de convergences importantes, tandis qu'un travail d'interprétation de la formule d'une Union "sans cesse plus étroite", qui figure dans les textes européens, était engagé pour garantir l'absence de contrainte juridique pour le Royaume-Uni.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a estimé mercredi que la plupart des demandes de réformes formulées par David Cameron étaient justifiées et raisonnables.

© Reuters. DEUX JOURS POUR TENTER D'ÉVITER UN "BREXIT"

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a quant à lui prévenu après une rencontre avec David Cameron mardi qu'il ne pouvait pas garantir que l'accord serait entériné par le Parlement. Mais il a assuré que ce dernier se prononcerait "immédiatement après le référendum" organisé par Londres.

(avec Kylie MacLellan à Londres et Jean-Baptiste Vey à Paris, Henri-Pierre André pour le service français)

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