PARIS (Reuters) - La France a renforcé mardi la sécurité de ses aéroports, gares et transports en commun à la suite des explosions de Bruxelles, de "lâches et odieux attentats" pour François Hollande qui a souligné la nécessité d'une "réponse globale" à une "menace globale".
Les autorités françaises, qui estiment que toute "l'Europe était visée", ont appelé à un renforcement de la coopération internationale contre le terrorisme, particulièrement en Europe où Paris critique notamment la lenteur de la révision de la "directive 91" relative à la circulation des armes à feu à usage civil sur le territoire de l’UE.
"Le terrorisme a frappé la Belgique mais c’était l’Europe qui était visée, nous devons prendre conscience de l’ampleur et la gravité de la menace terroriste", a déclaré François Hollande.
Au total, 1.600 policiers et gendarmes supplémentaires ont été déployés mardi en renfort sur le territoire français, particulièrement dans les infrastructures de transports, face à un niveau de menace "extrêmement élevé".
L'aéroport de Bruxelles et la station de métro Maelbeek, dans le quartier des institutions européennes de la capitale belge, ont été visés mardi matin par des explosions dont le bilan provisoire est de 34 morts et plusieurs dizaines de blessés.
DES RENFORTS EN ILE-DE-FRANCE
En Ile-de-France, 400 policiers et gendarmes supplémentaires ont été mobilisés, en particulier sur les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle et Orly, dans le réseau du métro parisien et les principales gares ferroviaires. Sur le reste du territoire, 600 membres des forces de l'ordre ont été déployés en renfort.
Des effectifs supplémentaires ont également été affectés à la surveillance des frontières et des patrouilles de militaires réorientées vers les sites de transports.
Les zones publiques des infrastructures de transport sont désormais réservées aux seules personnes munies de titres de transport et/ou de pièce d'identité.
"La menace reste particulièrement élevée (...). Nous sommes en guerre, nous subissons depuis plusieurs mois en Europe des actes de guerre et face à cette guerre, il faut une mobilisation de tous les instants", a déclaré le Premier ministre, Manuel Valls, à des journalistes.
François Hollande avait convoqué une réunion d'urgence mardi matin à l'Elysée en présence du chef du gouvernement, des ministres de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intérieur.
"La France et la Belgique sont liées par l'horreur", a dit le président français en rappelant les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, dont un suspect-clé, Salah Abdeslam, a été capturé vendredi dernier à Bruxelles.
"Nous sommes devant une menace globale qui exige d'y répondre globalement", a-t-il poursuivi devant le Conseil stratégique de l’attractivité, à l'Elysée, où il recevait plusieurs dirigeants d'entreprise étrangers.
"TOUTE L'EUROPE"
"La guerre contre le terrorisme doit être menée dans toute l'Europe et avec les moyens qui sont nécessaires, et notamment en matière de renseignement. Nous aurons encore à veiller à ce que les décisions soient effectivement mises en oeuvre", a-t-il souligné.
Peu auparavant, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait de nouveau appelé à l'adoption sans délai au Parlement européen du "PNR" (Passenger Name Record), un fichier européen des données personnelles des voyageurs aériens dont la mise en oeuvre est bloquée depuis des années.
"Cette guerre contre le terrorisme doit être menée avec sang-froid, avec lucidité, avec détermination parce qu'elle sera longue et nous devons y mettre les moyens indispensables (...) avec des dispositifs législatifs qui doivent être à la fois efficaces et respectueux des libertés", a dit François Hollande.
Le président français a rappelé aussi la nécessité d'une action internationale en évoquant l'engagement militaire de la France en Syrie et en Irak contre l'Etat islamique (EI), ainsi qu'en Afrique.
"C'est aussi ce que chacun des pays les plus conscients doit engager au plan international", a-t-il dit.
Les attentats de Bruxelles n'ont pas été revendiqués pour l'heure.
François Hollande a enfin exhorté à l'"unité" et à la "cohésion" nationales alors qu'une polémique s'amorce autour de la révision constitutionnelle sur la déchéance de nationalité pour crimes et délits de terrorisme.
(Sophie Louet avec Service français, édité par Yann Le Guernigou)