PARIS (Reuters) - François Fillon, candidat à la primaire de la droite, a qualifié lundi d'"enfumage" la proposition de Nicolas Sarkozy d'organiser un référendum portant sur l'internement administratif des personnes fichées S considérées comme les plus dangereuses.
"Ça n'arrivera pas, c'est de l'enfumage. Ce référendum est techniquement quasiment impossible", a déclaré sur Europe 1 l'ex-Premier ministre, qui navigue entre les troisième et quatrième places dans les sondages.
"Faire un référendum avant les élections législatives, c'est s'opposer à une motion de censure de l'ancienne majorité pour un sujet en plus qui, honnêtement, pourrait attendre que les élections législatives aient eu lieu", a-t-il ajouté.
La promesse faite vendredi par Nicolas Sarkozy de soumettre à référendum deux de ses propositions contestées, la rétention administrative de fichés S et la suspension de l'automaticité du regroupement familial, a suscité le scepticisme de certains juristes, pour qui une telle initiative pourrait difficilement entrer dans le cadre de la Constitution.
En meeting dimanche au Zénith de Paris, l'ex-président a ironisé sur les "juristes" et autres "spécialistes" qui contribueraient selon lui à former un "cartel des non".
"Sur le fond, je propose une solution beaucoup plus radicale, qui consiste à juger et à mettre en prison les personnes qui sont pour une part les fichés S d'aujourd'hui au motif qu'elles entretiennent des relations avec notre ennemi", a par ailleurs déclaré François Fillon sur Europe 1.
"Il y a une grande différence entre ma proposition et celle de Nicolas Sarkozy, c'est qu'on reste dans l'Etat de droit. Le rétablissement de la lettre de cachet, je m'y opposerai de toutes mes forces", a-t-il soutenu.
A six semaines du premier tour, l'ancien chef du gouvernement de Nicolas Sarkozy semble en mauvaise posture pour décrocher l'investiture présidentielle de la droite.
Dans un sondage Kantar Sofres-OnePoint pour LCI, Le Figaro et RTL paru lundi, il figure à la troisième place, ex-aequo avec Bruno Le Maire (11%), derrière Nicolas Sarkozy (28%) et très loin de l'inamovible Alain Juppé (42%).
(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)