L'avionneur américain Boeing (NYSE:BA) a décroché 300 commandes d'appareils de la part d'entreprises chinoises, tout en signant un accord pour ouvrir "un centre de finition" en Chine, a annoncé la presse officielle, au premier jour de la visite du président Xi Jinping aux Etats-Unis.
Un "groupe d'entreprises chinoises" a signé mardi des accords pour l'achat de 300 Boeing, a annoncé l'agence étatique Chine nouvelle, sans évoquer ni le détail des commandes ni les prix catalogues.
Ce serait le cas échéant l'une des plus massives annonces de commandes simultanées dans l'histoire du secteur aéronautique.
Le président chinois Xi Jinping, tout juste arrivé aux Etats-Unis, doit précisément visiter mercredi la principale usine de Boeing, dans la région de Seattle (côte ouest), avant de rencontrer le lendemain le président américain Barack Obama à Washington.
Selon Chine nouvelle, les acheteurs incluent les firmes de leasing (loueurs d'avions) China Aviation Supplies Holding Co., ICBC Financial et China Development Bank Leasing.
ICBC Leasing a signé pour l'achat de 30 moyen-courriers 737 de nouvelle génération, a précisé le Quotidien du Peuple, organe officiel. De son côté, une porte-parole de China Development Bank Leasing a simplement confirmé une commande pour 30 Boeing.
Pour comparaison, la visite du Premier ministre chinois Li Keqiang au siège d'Airbus (PARIS:AIR) à Toulouse en juillet, s'était accompagnée d'une commande géante par la Chine de 75 A330 (dont 45 commandes fermes), pour 18 milliards de dollars.
-Tournant stratégique-
Boeing a par ailleurs "conclu un accord de coopération" avec l'avionneur chinois Comac --société d'Etat-- pour l'ouverture en Chine d'un "centre de finition" destiné à l'aménagement de moyen-courriers B737, a rapporté Chine nouvelle, là encore avare de détails.
Ni Boeing ni Comac n'étaient joignables dans l'immédiat pour commenter ces informations.
Le Shanghai Zhengquan Bao, journal financier administré par Chine nouvelle, avait rapporté mardi que l'avionneur américain envisageait de s'établir à Zhoushan, dans la province orientale du Zhejiang (est), selon un projet déposé auprès du gouvernement.
Cette implantation industrielle représenterait un tournant stratégique du groupe américain sur le crucial marché chinois, qu'il se partage à parts quasi égales avec son rival européen Airbus.
Airbus dispose depuis 2008 à Tianjin (nord-est) d'une ligne d'assemblage pour moyen-courriers A320, et se prépare à y ajouter un centre de finition (aménagement intérieur) pour gros porteurs A330.
A l'inverse de Boeing qui, pour le moment, construit, assemble et aménage ses appareils aux Etats-Unis avant de les livrer, bien que certains composants soient produits en Chine.
Or la stratégie de l'européen s'est avérée payante: Airbus a fait du site de Tianjin une "vitrine" et un argument de vente, avec un succès certain. Depuis l'inauguration de la ligne d'assemblage, sa part de marché en Chine est passée d'environ 25% à 50%, rattrapant à grand pas son retard sur Boeing.
-Marché crucial-
"Nous avons choisi un chemin différent pour répondre à la demande chinoise", s'était défendu fin août à Pékin Randy Tinseth, vice-président de Boeing. "Mais nous gardons toutes les options ouvertes pour l'avenir", avait-il aussitôt ajouté.
"La croissance rapide du marché chinois joue un rôle décisif dans notre succès actuel et futur", a abondé le président de Boeing Jim McNerney dans un communiqué publié avant la visite de Xi.
La Chine aura besoin de 6.330 avions de ligne supplémentaires (à 73% des mono-couloirs) sur les 20 années à venir, selon des prévisions de Boeing, pour une valeur marchande cumulée de 950 milliards de dollars.
Le géant asiatique comptera pour presque 17% des avions de ligne vendus dans le monde au cours des deux prochaines décennies, et la flotte du pays devrait presque tripler sur cette période, pour monter à 7.210 appareils.
En dépit du vif ralentissement économique en Chine, l'essor de la classe moyenne devrait contribuer à doper le nombre de passagers, alors que se multiplient à marche forcée les liaisons régionales.
Dans l'une des dernières commandes en date, la compagnie China Eastern a passé début juillet à Boeing une commande de 50 avions de la famille 737, pour un montant total de 4,55 milliards de dollars au prix catalogue.
Mais le duopole Airbus-Boeing pourrait être mis à l'épreuve par une nouvelle concurrence: appuyé par l'Etat, le chinois Comac développe un moyen-courrier, le C919, destiné à rivaliser avec le B737 et l'A320, et dont les premières livraisons sont prévues en 2018.