PARIS (Reuters) - La Grande-Bretagne devra être sommée de clarifier au plus vite ses intentions en cas de victoire des partisans du Brexit au référendum de jeudi, notamment si elle souhaite conserver un accès au marché européen, ce qui l'obligerait à continuer de contribuer au budget de l'UE, avertit Emmanuel Macron.
"On est dedans ou dehors", déclare le ministre français de l'Economie dans une interview publiée dans Le Monde du week-end, "On ne peut pas, dans l'intérêt de l'UE, laisser quelque ambiguïté planer et trop de temps s'écouler".
Pour cela, il estime que le Conseil européen du 28 juin devra "lancer un ultimatum" à Londres pour lui demander de clarifier ses intentions, ajoutant : "Le président de la République sera très clair à cet égard".
"Si le Royaume-Uni veut un traité commercial d'accès au marché européen, les Britanniques devront contribuer au budget européen comme les Norvégiens ou les Suisses. Si Londres ne le souhaite pas, ce doit être une sortie totale", dit-il.
Emmanuel Macron souligne notamment que, "le jour après la sortie, il n'y aura plus de passeport financier pour les établissements britanniques", leur permettant de proposer librement leurs produits dans l'Union.
Pour lui, un sortie de l'UE signifierait la "guerneseyfication" (en référence à une des îles anglo-normandes de la Manche rattachées à la couronne britannique) du Royaume-Uni, "qui serait alors un petit pays à l'échelle du monde". "Il s'isolerait et deviendrait un comptoir, une place d'arbitrage à la frontière de l'Europe."
Le défi des Européens serait aussi d'éviter la contamination du Brexit en relançant immédiatement "un projet positif" pour l'Europe, indique-t-il. "Et quand bien même le 'Remain' l'emporterait, la France sera à l'initiative", promet-il.
De source gouvernementale italienne, on rapporte que François Hollande a évoqué le sujet du Brexit lors d'un entretien téléphonique samedi matin avec le président du Conseil, Matteo Renzi.
Emmanuel Macron juge qu'il faut "retrouver une ambition pour l'UE tout entière sur les sujets de défense et de sécurité, de transition énergétique et de numérique car l'Europe est le meilleur moyen de répondre à ces grands défis."
"Et puis il faut avoir un projet de plus forte intégration qui permet une véritable convergence à quelques-uns au sein de la zone euro (...) Le socle doit être Paris et Berlin, Rome certainement aussi. Les instruments, ce sont un budget de la zone euro, un commissaire et un Parlement de la zone euro."
"Aujourd'hui, nous sommes bloqués par deux tabous : un tabou français, qui est le transfert de souveraineté, et un tabou allemand, celui des transferts financiers ou de solidarité. On ne peut pas avancer sans les faire sauter".
(Yann Le Guernigou, édité par Nicolas Delame)