Station F, qui doit être inaugurée cette semaine par le président Emmanuel Macron, est présentée comme le plus grand campus de start-up du monde, un lieu voulu à Paris par le fondateur du groupe de télécoms Iliad-Free, Xavier Niel, pour faire rayonner la high tech française.
Les Parisiens connaissent l'endroit sous le nom de Halle Freyssinet. C'est une ancienne gare de marchandises, un bâtiment classé des années 1920 proche de la gare d'Austerlitz.
"L'idée c'est de créer un lieu-phare qui aide les autres", explique Xavier Niel à l'AFP. "Un endroit très visible qui crée une image forte pour Paris", suffisamment grand et actif pour attirer l'attention au niveau mondial. Ouvert jour et nuit et peuplé de jeunes gens enthousiastes.
Le site, qui doit accueillir ses premiers occupants le 1er juillet, ouvre avec trois mois de retard pour cause de fuite d'eau au sous-sol. Le délai a permis à l'équipe de peaufiner son projet, en passant notamment des accords avec de grands noms de la "tech".
Sur le millier de start-up attendues à Station F, 200 seront hébergées directement, après sélection. Les autres le seront via des partenaires qui animeront des thématiques spécifiques: Thales (PA:TCFP) pour la cybersécurité, Facebook (NASDAQ:FB) pour la data (les données informatiques), Microsoft (NASDAQ:MSFT) pour l'intelligence artificielle, l'Institut du cerveau et de la moëlle épinière (ICM) pour la santé, le sud-coréen Naver pour le multimédia...
"Chaque programme est un incubateur en soi", précise à l'AFP la directrice Roxane Varza. Elle aime comparer la structure qu'elle a conçue avec Xavier Niel à un campus à l'américaine. Une annexe est prévue de l'autre côté du périphérique avec 600 chambres pour les start-upper, des colocations comme dans "Friends".
"L'ambition à station F, c'est vraiment de rendre l'entrepreneuriat plus accessible et de mettre tout un écosystème sur place, pour que les start-up ne passent pas leur temps à aller chercher des ressources à droite et à gauche", note Roxane Varza. Et aussi profiter d'une attention spéciale, assister à des conférences, rencontrer des personnalités, faire la fête...
- 24 heures sur 24 -
Longue de 310 m, la nef de béton a été divisée par l'architecte Jean-Michel Wilmotte en trois espaces distincts et complémentaires, à commencer par "Create", le coeur où les jeunes pousses pourront vivre leur vie de start-up pour 195 euros par mois et par poste de travail.
La partie "Share" est conçue comme un espace de rencontres avec un auditorium, un "fab lab" (un atelier doté d'imprimantes 3D en self-service), un bureau de poste et une boutique présentant des créations des pensionnaires.
"Chill" enfin, sera une partie ouverte au public avec - à la fin de l'année - un espace de restauration fonctionnant 24 heures sur 24.
Le quartier se reconstruit peu à peu autour du bâtiment, à deux pas de la bibliothèque François-Mitterrand. Avec six nouvelles voies dont une rendra hommage à Eugène Freyssinet (le père du béton précontraint), mais pas de rue Steve-Jobs. Car les élus communistes et écologistes ont dénoncé "l'optimisation fiscale" pratiquée par Apple (NASDAQ:AAPL), le groupe du gourou de la tech disparu en 2011.
Xavier Niel, qui approche la cinquantaine, joue le rôle de l'oncle généreux. "Si vous avez plus de 40 ans, vous n'êtes pas légitime à être là", s'amuse-t-il. Son équipe a 28 ans en moyenne.
Déjà mécène de l'école de développeurs informatiques 42, il a investi 250 millions d'euros dans Station F, tirés de sa cassette personnelle. Et il assume: "C'est un usage peut-être moins idiot de mon argent que de le donner à mes enfants qui en feront des bêtises, probablement!"
L'acquisition et la restructuration du bâtiment sont à fonds perdus. "On n'est pas là pour avoir une forme de rentabilité", mais "ce que l'on souhaite, c'est que tous les frais variables soient couverts par les recettes" - apports des occupants, produits des manifestations ou recettes des restaurants -, dit-il, les coûts de fonctionnement étant estimés à entre "7 et 8 millions par an".
"Notre truc à nous, c'est d'aider l'écosystème, aider des jeunes à créer des start-up", résume Xavier Niel.