PARIS (Reuters) - Des proches de l'homme abattu jeudi devant le commissariat de la Goutte-d'Or à Paris ont affirmé vendredi à la police française qu'il se dénommait Tarek Belgacem et était de nationalité tunisienne, a-t-on appris de source judiciaire.
Plusieurs personnes de sa famille vivant en Tunisie ont contacté la police judiciaire de Paris par téléphone pour dire que la photo diffusée par des chaînes de télévision correspondait à Tarek Belgacem, a-t-on précisé de source policière.
"C'est une piste sérieuse mais des vérifications sont en cours pour voir s'il s'agit bien de cette personne", a-t-on ajouté.
Le procureur de Paris avait indiqué dans la matinée que l'identité de l'assaillant, qui projetait une action terroriste au nom de l'Etat islamique en représailles aux opérations militaires occidentales en Syrie, n'était pas établie.
L'homme aurait indiqué sur son texte de revendication un autre nom que que celui qu'il a donné lors de son interpellation pour des faits de petite délinquance, a précisé François Molins sur France Inter.
Sur le texte de revendication retrouvé sur lui était écrit : "Je suis Abou Jihad Tounsi, Tarek Belgacem (Tunis)", dit-on de source policière.
L'agresseur, qui était armé d'un hachoir de boucher et portait une ceinture d'explosifs factice, s'est précipité en courant vers le commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris, un an jour pour jour après la tuerie de Charlie Hebdo.
Malgré plusieurs injonctions des deux gardiens de la paix en faction devant le commissariat, il a poursuivi sa course, provoquant des tirs en "légitime défense" des deux policiers, a rapporté François Molins.
Selon les premiers éléments de l'enquête, fournis jeudi de source judiciaire, les empreintes digitales de l'assaillant correspondaient à celle d'un ressortissant marocain né en 1995 à Casablanca pour un vol en réunion commis en 2012 dans le Var. Il avait alors déclaré s'appeler Ali Sallah.
François Molins, qui fait état d'un contrôle d'identité dans le Midi "il y a quelques mois", a estimé qu'il pourrait s'agir d'une fausse identité.
"Je ne suis pas du tout certain que l'identité qu'il a donnée soit réelle. Cette identité, elle a été criblée avec les services de renseignement, il n'est pas connu sous ce nom-là par les services de renseignement", a-t-il expliqué sur France Inter.
L'identité "est contredite par un papier manuscrit (...) qu'on trouve dans ses vêtements sur lequel il y a la profession de foi musulmane, un drapeau de Daech dessiné", a-t-il précisé. "Il y a son nom, mais dans son nom, il se dit tunisien et pas marocain comme l'identité qu'il avait déclarée dans le Midi de la France", a ajouté François Molins.
PUCE DE TÉLÉPHONE ALLEMANDE
Sur ce document, l'assaillant prête également allégeance à Abou Bakr al Baghdadi, le chef de l'Etat islamique, et "indique clairement que son acte est en relation avec les morts qui interviennent en ce moment en Syrie", a poursuivi le procureur.
"Il va falloir déterminer l'identité, savoir quelle est cette véritable identité et puis travailler sur un téléphone qu'on a trouvé qui est doté d'une puce allemande et sur lequel les enquêteurs sont en train de travailler", a-t-il déclaré.
Le procureur a expliqué que cette nouvelle affaire de terrorisme présentait "a priori toutes les apparences en termes de déroulement de la légitime défense". Les policiers, a-t-il dit, ont dû faire "face à un danger grave et imminent pour les personnes et le personnel du commissariat".
"Il franchit des barrières, les policiers lui font des injonctions de s'arrêter, une fois, deux fois, en tout cas ils le font plusieurs fois, il a la main dans son blouson et il sort de son blouson ce qui s'avère être un hachoir", a-t-il précisé.
"Malgré les injonctions, il continue à avancer donc il y a un policier qui tire, malgré les tirs qui l'atteignent, il continue encore à avancer jusqu'à ce que le deuxième tire aussi, qu'il soit touché mortellement et qu'il s'effondre sur le trottoir."
François Molins a souligné qu'il n'y avait "absolument aucune raison d'être optimiste" pour les années à venir "parce qu'on a une menace grandissante, une menace protéiforme"
"On est clairement sur un phénomène qui s'inscrit dans la durée et qui risque de durer plusieurs années", a-t-il dit, évoquant des tueries de masse comme les attentats du 13 novembre ou des actes isolés comme à la Goutte-d'Or.
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)