PARIS (Reuters) - Pascal Canfin a confirmé mardi sa présence sur la liste pro-Macron aux élections européennes du 26 mai, un scrutin qui divise la galaxie "verte" comme l'illustrent les trajectoires opposées de l'ex-ministre et de Yannick Jadot, tête de liste d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV).
Les deux hommes, élus au Parlement européen sous les couleurs d'EELV en 2009, ont fait des choix aux antipodes dix ans plus tard : celui de rejoindre la liste présidentielle, en deuxième position, pour l'un, de faire le réquisitoire de la politique écologique du gouvernement pour l'autre.
Le discret Pascal Canfin, qui a démissionné lundi de son poste de délégué général du WWF France, dit avoir reçu les "assurances nécessaires" de la part d'Emmanuel Macron.
"Les personnalités au profil et aux compétences écologistes seront nombreuses à être en position éligible sur la liste", justifie-t-il dans une interview au Monde publiée mardi. "Le deuxième élément, c'est que l'écologie sera l'axe majeur, premier et transversal du projet."
"Il est évident que les écologistes doivent être partout" pour avoir une chance de "gagner la bataille climatique", ajoute l'ex-journaliste, ministre délégué au Développement durant les deux premières années du quinquennat Hollande.
A ses yeux, "la France se trouve dans le camp des progressistes, de ceux qui veulent plus d’ambition climatique" en Europe, notamment dans le cadre des négociations sur les normes du diesel ou sur les accords commerciaux.
"ÇA M'ATTRISTE"
Pascal Canfin avait décliné de précédentes propositions d'Emmanuel Macron, notamment lorsque le chef de l'Etat cherchait un remplaçant à Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologie, en septembre 2018.
Six mois plus tard, son choix de rejoindre la liste La République en marche (LaRem)-MoDem, dans un rôle de numéro deux de Nathalie Loiseau, consterne certains écologistes qu'il a côtoyés pendant plusieurs années au sein d'EELV.
"J'avoue que je ne comprends pas, ça m'attriste", a déclaré mardi Yannick Jadot.
Le chef de file des écologistes, qui fait le pari de l'indépendance vis-à-vis du reste de la gauche, a critiqué sur France Inter une "liste fourre-tout", qui pourrait accueillir le président des Jeunes agriculteurs (JA), Jérémy Decerle.
"Ecoeuré" par la décision de Pascal Canfin, le secrétaire national d'EELV David Cormand a pour sa part fustigé lundi sur franceinfo "une capitulation en rase campagne".
A deux mois jour pour jour du scrutin, les écologistes sont crédités de 7,5% des intentions de vote, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match, CNews et Sud Radio publié lundi. Un score encore loin des 15% espérés par Yannick Jadot.
Pascal Canfin fait le même chemin que Daniel Cohn-Bendit, interlocuteur régulier d'Emmanuel Macron, et de l'ancien leader d'EELV Pascal Durand, qui a annoncé au début du mois sa candidature sur la liste LaRem-MoDem.
L'essentiel de la liste conduite par Nathalie Loiseau, bientôt ex-ministre des Affaires européennes, doit être annoncé ce mardi après-midi.
(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)