PARIS (Reuters) - Le Premier ministre, Edouard Philippe, confirme dans une interview publiée par le Journal du Dimanche qu'il fera campagne pour les candidats de la République en Marche (LREM), mouvement d'Emmanuel Macron, pour les élections législatives de juin.
Le chef du gouvernement, proche du maire Les Républicains (LR) de Bordeaux Alain Juppé et lui-même issu de LR, a renoncé à ses fonctions de maire du Havre.
Il juge "passionnant" de tenter avec Emmanuel Macron le dépassement des clivages politiques traditionnels.
"Cela suscite un espoir et un enthousiasme manifeste qui nous obligent", dit-il. "Je dis à tous : n'ayez pas peur. Nous avons l'occasion de dépasser quelque chose qui est bloqué (...) C'était inextricable. Le président a tranché le noeud gordien."
Il regrette que les dirigeants de LR aient choisi, à l'instar de François Baroin et à quelques exceptions près, de s'engager dans une autre voie pour tenter d'imposer en juin une cohabitation à Emmanuel Macron.
"Au sein de ce parti, certains souhaitent que le président et le gouvernement réussissent, pour que la France aille mieux dans cinq ans qu’aujourd’hui", dit-il. "D’autres ont choisi une opposition radicale et stérile. C’est leur choix."
"Mon objectif est de donner une majorité au chef de l’Etat. Je ferai donc campagne pour les candidats qui partagent cet objectif", ajoute le Premier ministre.
Edouard Philippe annonce par ailleurs qu'il présentera au prochain conseil des ministres une méthode de travail pour le gouvernement, dont les membres devront faire montre d'une "parfaite loyauté" une fois passé le temps de la discussion.
Il assume aussi la volonté de verrouiller la communication gouvernementale montrée par Emmanuel Macron et ses ministres.
"Il y a une volonté de maîtriser la communication, de ne pas nourrir un bavardage permanent", explique-t-il. "Dans la phase préparatoire d’un projet, personne n’a vocation à exposer sur la place publique des positions qui ne sont pas arbitrées."
MISE EN GARDE DE LA CGT
Il confirme également la volonté du chef de l'Etat et du gouvernement de faire baisser le "niveau de tension" sur le projet très contesté d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
La médiation souhaitée par Emmanuel Macron durera six mois et toutes les options seront sur la table, déclare le Premier ministre, selon qui l'audit des finances publiques promis par le chef de l'Etat sera lancé "dans les prochains jours".
Concernant le prélèvement de l'impôt à la source, réforme engagée par le précédent gouvernement, il dit avoir demandé au ministre du Budget, Gérald Darmanin, d'examiner les conditions de sa mise en oeuvre.
"Ensuite, nous discuterons au sein du gouvernement, et une décision sera prise très rapidement", ajoute-t-il. "Tout le monde sait que cette réforme, telle qu’elle a été envisagée, est une source de complexités supplémentaires pour les entreprises."
Enfin, Edouard Philippe s'engage à discuter avec les partenaires sociaux et le Parlement du projet de réforme du marché du travail qui fait déjà grincer des dents les syndicats.
"On ne s’engagera pas dans une réforme aussi puissante sans une phase de discussion avec les partenaires sociaux et le Parlement. Avec la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, nous aurons des rencontres bilatérales avec l’ensemble des organisations syndicales", dit-il.
"Mais une fois que la discussion aura eu lieu, il faudra aller vite. On ne peut pas attendre deux ans pour achever cet exercice", ajoute le Premier ministre.
Dans une interview également publiée par le Journal du Dimanche, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, juge "complètement irrecevable" la volonté du chef de l'Etat et du gouvernement de légiférer par ordonnances.
"Réformer le code du travail n'est pas une priorité", dit-il. "Nous ne nous bornerons pas à commenter les décisions du gouvernement. Je n'ai pas une tête d'alibi."
Il précise que la CGT entend pour sa part soumettre au Premier ministre une dizaine de mesures urgentes à prendre.
"Si on écoute nos propositions, nous voulons bien parler du code du travail. Mais notre objectif est de renforcer les droits des salariés", ajoute Philippe Martinez.
(Emmanuel Jarry, édité par Jean-Stéphane Brosse)