PARIS (Reuters) - Le conseil national du Parti socialiste a adopté à l'unanimité le principe de la tenue d'une primaire en vue de l'élection présidentielle de 2017, à laquelle François Hollande pourrait se présenter.
"Tout le monde s'est félicité de cette proposition", a déclaré samedi le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui l'a rendue publique la veille via un message sur son compte Twitter.
"Nous avons ensemble constaté qu'il était nécessaire d'ouvrir une séquence de débats pour le pays permettant aux socialistes de s'expliquer sur les raisons de leurs choix et les résultats qui sont advenus puisque pour nous, ils sont positifs", a-t-il expliqué devant la presse.
"Nous avons décidé aussi d'offrir un cadre unitaire à la gauche", a-t-il ajouté en soulignant que le Parti communiste et Europe Ecologie-Les Verts "avaient fermé la porte à une primaire de toute la gauche", tandis que le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, est bien décidé à se lancer dans la course comme champion de la gauche anti-gouvernementale.
Concrètement, cette primaire, qui sera réservée aux "acteurs de la BAP" (Belle Alliance populaire - PS, Radicaux de gauche et Ecologistes en rupture avec EELV) devrait être organisée les deux derniers week-ends de janvier, avec un dépôt des candidatures entre le 1er et le 15 décembre.
La relance de cette idée de primaire, réclamée surtout par les opposants internes à la politique économique du gouvernement, a créé la surprise, Jean-Christophe Cambadélis ayant lui-même évoqué dans la semaine la possibilité d'un changement des statuts du PS pour supprimer l'obligation de son organisation.
MODERNITÉ ET PANACHE
Le premier secrétaire assure avoir informé vendredi François Hollande de son initiative mais il fait peu de doutes que la décision a été prise de concert avec le chef de l'Etat, dont la volonté de briguer un second mandat n'est pas un secret.
"Ça fait preuve de modernité que d'accepter somme toute de remettre en jeu son mandat. Je ne sais pas si le président de la République le fera, je ne sais pas s'il sera candidat mais moi, je trouve que s'il le faisait, ça aurait du panache", a encore dit Jean-Christophe Cambadélis.
Le calendrier choisi est parfaitement en phase avec François Hollande, qui a déjà annoncé qu'il déciderait en décembre s'il se représente ou non.
Si le chef de l'Etat est encore donné éliminé dès le premier tour de la présidentielle dans les sondages, le choix de maintenir la primaire intervient au moment où l'horizon économique commence à se dégager.
L'Insee a fait preuve d'optimisme dans ses dernières prévisions, tablant sur une inversion de la courbe du chômage d'ici la fin de l'année.
Si le PS a refait son unité autour de la question d'une primaire, les sujets qui fâchent n'ont pas disparu.
Le conseil national a adopté par 130 voix contre 15, soit les voix des "frondeurs", une résolution ouvrant la voie à des sanctions contre les députés qui déposeraient une motion de censure contre le gouvernement à l'occasion du deuxième passage du projet de loi Travail à l'Assemblée nationale.
Le dépôt d'une telle motion associant députés PS frondeurs et des partis à la gauche du PS avait échoué pour deux voix lors de l'examen du texte en première lecture, le 11 mai.
(Yann Le Guernigou, édité par Jean-Stéphane Brosse)