PARIS (Reuters) - François Fillon a laissé entendre lundi qu'il n'appellerait pas à voter pour Nicolas Sarkozy à la primaire des 20 et 27 novembre dans l'hypothèse où l'ancien président se qualifiait pour le second tour et si lui-même était éliminé au premier.
C'est la première fois que l'ancien Premier ministre, engagé depuis la rentrée dans une offensive contre Nicolas Sarkozy, se positionne en ces termes contre l'ex-président des Républicains, promis pour l'instant par les sondages à un second tour contre Alain Juppé. François Fillon stagne à ce jour autour de 10% des intentions de vote.
"Je n'envisage pas de ne pas être qualifié pour la finale", a-t-il dit sur RTL à une auditrice qui lui demandait s'il donnerait une consigne de vote en cas d'élimination.
"Si cela se produisait, évidemment que je donnerais des consignes de vote, mais c'est vraiment très prématuré", a-t-il dit, avant de glisser un indice sur ses intentions.
"Je comprends la préoccupation qui est évoquée par notre interlocutrice, c'est la préoccupation de ne pas se retrouver dans le remake de 2012. Je pense que la France a des difficultés considérables à résoudre. On ne peut pas les résoudre en refaisant le match de 2012", a-t-il dit, visant implicitement Nicolas Sarkozy, perdant face à François Hollande lors de la précédente élection présidentielle.
L'entourage de François Fillon a déclaré à Reuters démentir cette "interprétation" des propos de l'ancien Premier ministre.
En lançant le 28 août une formule assassine contre Nicolas Sarkozy et ses ennuis judiciaires ("Qui imagine le général de Gaulle mis en examen?"), le député de Paris rendait impossible tout désistement en faveur de l'ancien président.
Lundi, il a exprimé sa préférence pour Alain Juppé avant l'annonce de la réquisition de renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy en marge de "l'affaire Bygmalion".
"Je pense que Fillon s'est dit, 'Je suis bas dans les sondages, je n'ai plus rien à perdre, pour que je sois au second tour il faut que l'un des deux soit détruit, donc je vais m'attaquer au plus prenable'", analyse le politologue Thomas Guénolé.
"Le plus prenable des deux, entre Juppé et Sarkozy, c'est Sarkozy avec ses casseroles, donc il y va franchement. Je pense que Fillon va continuer à tirer à boulets rouges, le but étant que Nicolas Sarkozy s'effondre plombé par les affaires".
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)