par Benjamin Mallet
PARIS (Reuters) - EDF (PA:EDF) a dû modifier ces derniers jours des procédures de contrôle de radioactivité au sein de ses centrales nucléaires après l'exercice par quelques salariés de leur droit de retrait pour cause de crainte de contamination par le coronavirus, ont indiqué à Reuters des sources syndicales et industrielle.
Les procédures en question concernent la mesure de la radioactivité des intervenants à la sortie des zones nucléaires, imposant aux salariés de passer en sous-vêtements dans des portiques étroits équipés de capteurs, aux dimensions de cabines de douches, qui risquent d'être des vecteurs de propagation du virus.
Les changements mis en oeuvre par EDF incluent le nettoyage des portiques au moins deux fois par plages de huit heures, le respect de distances de sécurité entre intervenants, le lavage et la désinfection des mains ainsi que le port de gants, selon des consignes diffusées en interne à partir de mardi.
Le problème "a été réglé ou va l'être très prochainement à condition que les consignes soient respectées", a indiqué à Reuters Thierry Raymond, délégué syndical central CGT.
Thomas Plancot, coordinateur des métiers du nucléaire pour la CGT, a précisé que plus d'une dizaine d'intervenants au total - en très grande majorité des prestataires - avaient fait valoir leur droit de retrait au sein des centrales de Fessenheim (Haut-Rhin), Civaux (Vienne) et Chooz (Ardennes) au moins, dont un sexagénaire se considérant parmi les populations les plus exposées en raison de son âge.
Concernant les mesures de confinement prises par le gouvernement et leur impact sur l'organisation du travail au sein des centrales, Thierry Raymond estime qu'il y a eu "un flottement" en début de semaine mais que "la situation est un peu plus claire aujourd'hui, avec une distinction nette entre les salariés qui sont en télétravail et ceux qui sont nécessaires à l'exploitation et qui travaillent toujours sur site".
LES "GESTES BARRIÈRE" EN QUESTION DANS LES CENTRALES
"Il y a eu des explications sur les gestes barrières et ça ne se passe pas trop mal", a-t-il ajouté.
Une source industrielle a pour sa part confirmé que des salariés avaient exercé leur droit de retrait dans au moins une des 19 centrales du parc nucléaire français, estimant pour sa part que l'application des "gestes barrière" sur site laissait encore à désirer, notamment en ce qui concerne les distances de sécurité, en raison d'attroupements de salariés à l'heure de la pause café ou du déjeuner.
Cette source ajoute cependant que ces problèmes n'ont que peu de risques d'avoir un impact sur la production ou sur la sûreté des centrales et reconnaît que la baisse des effectifs sur sites survenue ces derniers jours permet plus facilement à chacun d'organiser son travail de manière à ne pas croiser trop d'intervenants au cours de sa journée.
Un porte-parole d'EDF a pour sa part déclaré que les 40 réacteurs du parc en fonctionnement produisaient normalement et qu'il n'y avait "pas de désorganisation liée au virus" - les autres sont en maintenance.
EDF, qui ne communique ni sur les taux d'absentéisme liés au virus ni sur le nombre de cas avérés parmi ses effectifs, indique disposer de plans permettant de faire fonctionner ses centrales nucléaires avec 25% de personnel en moins pendant trois mois et 40% en moins pendant deux à trois semaines.
Le groupe n'appelle plus désormais sur sites que les personnels chargés du pilotage des centrales, des opérations de maintenance, des activités de sûreté et de la surveillance de l'environnement.
"Notre priorité, c'est de préserver la santé de nos salariés et de préserver la sécurité de nos installations", a déclaré vendredi son PDG, Jean-Bernard Lévy, sur Europe 1.
"Même dans nos plans les plus pessimistes, nous pensons être en mesure à tout instant de produire suffisamment d'électricité pour tous les Français", a-t-il également dit.
(Edité par Henri-Pierre André)