par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - François Hollande a défendu jeudi son diagnostic d'une situation meilleure en France quatre ans après son élection et assuré avoir fait les bons choix économiques, ouvrant la voie à une nouvelle candidature en 2017.
Pour la dernière interview du 14-Juillet de son mandat, le chef de l'Etat a confirmé la possibilité de nouvelles baisses d'impôts l'année prochaine, à condition que le redressement du pays ne soit pas contrarié par le Brexit, notamment.
Le président s'est aussi employé à dénouer la crise politique liée aux ambitions du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, invité à renoncer à "démarche présidentielle" sous peine de quitter le gouvernement.
"Combatif" dans le ton, comme l'écrit sur Twitter le Premier ministre Manuel Valls dont "le sens de l'intérêt général" a été salué, François Hollande a dressé un bilan positif de ses quatre ans à l'Elysée, estimant avoir tenu ses promesses tout en décochant des piques à la droite dans un registre électoral.
"Ceux qui n'ont pas tenu leurs promesses sont ceux qui ont dû me précéder parce que pour ce qui me concerne, j'ai tenu tous mes engagements", a-t-il déclaré à l'adresse de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, estimant avoir hérité en 2012 "d'un pays qui avait 40°C de fièvre et dont on se demandait s'il ne fallait pas l'hospitaliser en urgence".
Critiqué pour avoir affirmé le 14 avril dernier sur France 2 que "ça va mieux" en France, François Hollande persiste.
"Ça va effectivement mieux (...) parce que nous avons retrouvé de la croissance (...) mais nous sommes encore fragiles", a-t-il dit, prédisant "une baisse du chômage à la fin de l'année, mais un chômage qui sera encore trop élevé".
"Ça veut dire qu'il va falloir continuer la politique que j'ai engagée", a insisté le président, qui dira à la fin de l'année s'il brigue ou non un second mandat.
"Les choix que j'ai faits ont été les bons", a-t-il poursuivi. "Ne pas prendre sur les droits des salariés tout en permettant aux entreprises d'investir - oui, c'était le bon cap et je pense qu'il faut le suivre".
"PROTÉGER LA MAISON FRANCE"
François Hollande a défendu la loi Travail, combattue dans la rue depuis des mois par la CGT ainsi que par une partie des socialistes.
Une loi "bonne pour le pays et conforme à mes valeurs. Je suis un homme de gauche, j'ai toujours eu cet engagement", a souligné celui dont les députés PS "frondeurs" dénoncent la "dérive" social-démocrate.
Après avoir vanté, aussi, son bilan en matière de fiscalité - "Jamais il n'y a eu aussi peu de Français qui payent l'impôt sur le revenu" -, François Hollande a confirmé son souhait de consentir un nouveau geste fiscal l'an prochain.
Il sera possible "si nous pouvons avoir cette perspective de croissance de 1,7% en 2017", a-t-il tempéré, faisant le lien avec les "incertitudes" nées de la "malencontreuse décision" du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne.
Le président a invité le nouveau Premier ministre britannique, Theresa May, à engager au "plus tôt" la procédure de sortie de l'UE, soulignant l'importance "qu'il n'y ait pas de conséquence, la moindre incertitude sur notre propre pays".
Entamée avec la mise en garde lancée à Emmanuel Macron, l'interview s'est conclue sur une note personnelle et solennelle sous forme de message adressé au futur vainqueur de 2017.
Mettant en relief son propre parcours, François Hollande a insisté sur la pression du temps - "cinq ans, c'est très court et ce qui est engagé au début va avoir des conséquences à la fin" - et la nécessité d'être à la hauteur des "drames" et des fractures.
"La France est forte mais l'Histoire elle est tragique", a-t-il dit, huit mois après les attentats qui ont fait 130 morts et déclenché l'état d'urgence, qui prendra fin le 26 juillet.
"Je dois protéger la maison France, la maison France, elle est fragile", a-t-il poursuivi en refusant de s'"excuser par rapport à une situation internationale". Une critique visant Nicolas Sarkozy qui a imputé une partie des difficultés de son mandat à la crise de 2008.
"L'enjeu de 2017, c'est un enjeu beaucoup plus important que celui de 2012. En 2012, il fallait que le pays se redresse. En 2017, il va falloir que le pays tienne debout, se lève et puisse parler au monde."
"L'avenir, ce n'est pas une France rabougrie", a-t-il insisté en affirmant qu'il ne "désespérait pas de convaincre" les Français.
(Edité par Sophie Louet)