PARIS (Reuters) - François Hollande a dramatisé mercredi l'enjeu du référendum britannique sur l'Union européenne en estimant que le choix éventuel de sortir de l'UE serait "irréversible", avec des conséquences sur l'accès du royaume au marché unique.
Quel que soit le résultat de ce scrutin inédit, le président a annoncé qu'il se rendrait à Berlin "la semaine prochaine" pour réfléchir avec la chancelière Angela Merkel aux moyens de "relancer" une construction européenne ébranlée par la consultation à l'issue très incertaine, selon les sondages.
A la veille du vote, le président a ajouté sa voix à celle d'autres dirigeants comme Angela Merkel et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour souligner les risques de ce "Bremain-Brexit".
Après avoir parlé au téléphone mardi avec le président du Conseil européen, Donald Tusk, François Hollande a reçu mercredi à l'Elysée les Premiers ministres de Suède et de Slovaquie, qui présidera l'Union pour six mois à partir du 1er juillet.
Il s'est aussi entretenu au téléphone avec le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, qui préside l'UE actuellement.
Dans deux déclarations à l'Elysée, le chef de l'Etat a insisté sur les "conséquences extrêmement graves" du départ d'un pays "qui est géographiquement, historiquement, politiquement dans l'Union européenne."
Si les Britanniques choisissent de partir, "il y a là un risque pour le Royaume-Uni très sérieux de ne pouvoir plus accéder au marché unique et à tout ce qui fait l'espace économique européen. Chacun doit bien en prendre la mesure", a-t-il dit.
Une décision de quitter l'Union européenne sera considérée par la France comme "irréversible".
"Quand c'est 'non', c'est 'non', et il n'y a pas de statut intermédiaire, il y aurait donc à en tirer toutes les conclusions", a jugé le président.
En cas de maintien du royaume dans l'Union, l'accord passé avec les Vingt-Sept en début d'année sera appliqué stricto sensu, a-t-il aussi prévenu : "Il ne peut pas y avoir renégociation, ce qui a été dit sera fait".
Dans les deux hypothèses, "nous aurons à travailler pour une relance de l'Union européenne", a insisté le président français, qui a notamment plaidé pour davantage de "protection".
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a proposé que la présidence de son pays soit l'occasion d'une "discussion informelle sur ce que nous sommes capables d'offrir aux citoyens européens" et ce, quelle que soit la décision des Britanniques.
Le sujet dominera le Conseil européen prévu mardi et mercredi prochains à Bruxelles, qui pourrait être doublé d'un conseil informel, a précisé François Hollande.
(Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)