PARIS (Reuters) - François Hollande a dénoncé samedi des tentations de diviser le pays, alors que des élus de droite continuent de mettre en cause la responsabilité du gouvernement dans l'attentat au camion de Nice, qui a fait 84 morts et 202 blessés jeudi soir.
Selon le porte-parole du gouvernement, le chef de l'Etat a lancé un nouvel appel à l'unité lors d'une réunion des ministres et secrétaires d'Etat, après un conseil de défense restreint sur les suites de cet acte revendiqué par le groupe Etat islamique.
"Nous sommes dans un moment, on l'a vu, où il y a des tentations de diviser un pays", a déclaré François Hollande, cité par Stéphane Le Foll.
"Et face à ces tentations, face à ce risque, il faut rappeler l'unité, et la cohésion, et la cohérence de ce pays autour des valeurs qui sont les siennes (...) et surtout autour de l'idée qu'on se fait de la France", a-t-il ajouté.
Contrairement aux attentats de janvier et novembre 2015, l'opposition de droite a mis en cause la responsabilité du gouvernement immédiatement après l'attaque commise par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Tunisien de 31 ans habitant à Nice, inconnu jusqu'ici des services de renseignement.
C'est le cas notamment de candidats à la primaire de droite pour l'élection présidentielle de 2017, Alain Juppé et François Fillon. L'ex-chef de l'Etat et probable autre candidat, Nicolas Sarkozy, a averti qu'il allait "falloir dire les choses".
Réplique de Stéphane Le Foll samedi matin sur Europe 1 : "Ceux qui, après un drame comme celui-là, viennent dire qu'ils auraient la solution et qu'avec eux il ne se serait rien passé, je les laisse à leur manque total de responsabilité."
Des élus du parti Les Républicains (LR), dont le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Christian Estrosi, et le député Eric Ciotti, sont cependant revenus à la charge.
En marge de la réouverture au public de la Promenade des Anglais, où Mohamed Lahouaiej Bouhlel a fauché des dizaines de personnes venues voir le feu d'artifice du 14-Juillet, le premier a de nouveau accusé les pouvoirs publics de ne pas avoir pris de mesures de sécurité suffisantes.
"CONTRE-VÉRITÉS"
"Je n'ai pas le sentiment que ces précautions aient été prises (...) Non, on n'a pas apporté à Nice les mêmes conditions de sécurité que celles du Carnaval et de l'Euro (de football)", a accusé l'ex-maire de Nice, qui a dit n'avoir jamais douté que l'attaque de jeudi était un attentat d'inspiration islamiste.
"Nous sommes en guerre. Ce que veulent les Français, c'est qu'il y ait un chef de guerre et pas quelqu'un qui se nourrisse de mots", a pour sa part déclaré sur BFMTV Eric Ciotti.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui s'est exprimé au côté de Stéphane Le Foll et de son collègue de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé une "polémique (...) alimentée par des contre-vérités".
"Les terroristes cherchent à nous diviser et nous diviser après qu'ils nous ont frappés serait une manière d'accompagner les objectifs qu'ils poursuivent", a-t-il ajouté.
Il a assuré que l'ensemble des manifestations de ces derniers mois dans les Alpes-Maritimes avaient été entourées d'un "très haut niveau de sécurité". Il a souligné que le camion du tueur n'avait pu pénétrer sur le tronçon de la Promenade des Anglais fermé à la circulation qu'en roulant sur le trottoir.
La préfecture de Nice a pour sa part rappelé dans un communiqué que le dispositif de sécurité du 14-Juillet avait été élaboré en partenariat avec la municipalité.
Ce dispositif s'appuyait sur la mobilisation de 64 agents de la police nationale et de 42 fonctionnaires de la police municipale, "sur le modèle mis en oeuvre pour le Carnaval de Nice de février dernier", a-t-elle précisé.
Il reposait également sur une présence "discrète" d'agents de la brigade anti-criminalité au coeur de la foule et sur des contrôles aléatoires à l'entrée de la zone, a-t-elle ajouté.
Il était complété par l'engagement de 20 militaires, dit encore la préfecture, qui rappelle que Nice est "une des villes de France les mieux couvertes par le dispositif Sentinelle".
(Emmanuel Jarry)