OSAKA, Japon (Reuters) - Les lignes rouges qui avaient été fixées sur le commerce ou le climat n'ont pas été franchies au sommet du G20 au Japon, où le pire a été évité, mais ce n'est pas suffisant, a estimé samedi Emmanuel Macron, appelant à "aller beaucoup plus loin" dans la lutte contre le réchauffement climatique deux mois avant le G7.
"Malgré les vents mauvais" et les "attaques" contre le multilatéralisme, "nous avons réussi à obtenir, ou des avancées ou à lutter contre des reculs", a déclaré le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse, à l'issue du sommet à Osaka. "Est-ce pour autant satisfaisant? Non, mais je considère que les lignes rouges que nous avions pu définir n'ont pas été franchies".
Sur le commerce, "nous avons abouti à un texte de conclusion qui clairement réaffirme notre volonté de réformer l'organisation mondiale du commerce dans toutes ses fonctions", a-t-il souligné. "Nos ministres auront à poursuivre leur travail pour bâtir les règles d'un commerce ouvert et plus équitable" (voir : Le G20 renonce à mentionner les risques du protectionnisme [L8N2400DA]).
Concernant le climat, pomme de discorde persistante avec les Etats-Unis, Emmanuel Macron, qui avait menacé de ne pas signer le communiqué final si l'accord de Paris sur le climat n'était pas mentionné, a estimé que le texte obtenu à l'issue d'intenses tractations permettait de maintenir le niveau d'ambition.
"Nous avons réussi à obtenir des éléments qui permettent de maintenir le niveau d'ambition tel qu'il avait été affirmé à Hambourg et Buenos Aires", lieux des deux derniers G20, a-t-il dit. "Nous avons réitéré une déclaration à 19 actant de l'engagement de tous les membres du G20 à l'exception des Etats-Unis pour la mise en oeuvre de l'accord de Paris".
Par ailleurs, le président brésilien Jair Bolsonaro "m'a confirmé son engagement contrairement aux inquiétudes qu'on pouvait avoir sur l'accord de Paris et sur le combat en faveur de la biodiversité", a-t-il ajouté.
Quant à l'annonce de l'accord commercial établi vendredi entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur, cet accord "à ce stade est bon compte tenu du fait que les demandes que nous avions formulées ont été intégralement prises en compte par les négociateurs", a estimé Emmanuel Macron.
"Nous serons très vigilants sur toutes les rédactions finales, sur le processus de ratification et le processus de suivi", a-t-il ajouté, annonçant d'une "évaluation indépendante, complète, transparente" de cet accord face aux craintes des éleveurs français [L8N2400BF].
PAS DE COMMUNIQUE FINAL AU G7 DE BIARRITZ
De manière générale, "le pire pouvait être à craindre durant ce G20, soit sur l'Iran, soit sur le commerce. Nous avons évité le pire mais éviter le pire n'est pas suffisant, il nous faut construire des accords féconds et réussir à bâtir la stabilité", a souligné le chef de l'Etat français.
A deux mois du sommet du G7 - dont la France assure cette année la présidence tournante -, Emmanuel Macron a défendu l'intérêt de la tenue de ces grandes messes diplomatiques, au bilan carbone très important, tout en appelant à faire évoluer les "formats".
"Si je pensais que ces exercices justifiaient la totalité de ce qu'on déploie, je vous mentirais", a-t-il souligné. "Nous avons une vraie interrogation collective sur ces formats et sur ce qu'on cherche à obtenir. Aujourd'hui de fait, le G20 est devenu un exercice qui (...) permet à des décideurs de se rencontrer en bilatéral, ça a une utilité, ça évite les divergences".
"Mais il faut adapter les formats", a-t-il ajouté. Pour le sommet du G7 qui se tiendra fin août à Biarritz, il n'y aura pas de communiqué final "mais des coalitions d'acteurs, des engagements et un suivi".
Il faut "assumer que sur tel ou tel sujet un membre du club ne signe pas", a-t-il souligné. Car "sauf à ce qu'il y ait un miracle, je ne pense pas qu'à Biarritz les Etats-Unis auront décidé de rejoindre l'accord de Paris donc on sait qu'on a six d'un côté et un de l'autre, on a besoin d'aller plus loin".
(Marine Pennetier à Paris, avec l'équipe de Reuters à Osaka, édité par Pierre Serisier)