ZURICH (Reuters) - L'Italo-Suisse Gianni Infantino, secrétaire général de l'UEFA, a été élu vendredi à Zurich, au second tour de scrutin, à la présidence de la FIFA, la fédération internationale de football secouée par les scandales.
Il a recueilli 115 voix devant le cheikh bahreïni Salman bin Ebrahim al Khalifa, 88 voix, et le prince jordanien Ali bin al Hussein, quatre voix. Le Français Jérôme Champagne n'a obtenu aucune voix lors de ce second tour.
Au premier tour, où une majorité des deux tiers était nécessaire, Gianni Infantino était arrivé en tête avec 88 voix, devant le cheikh Salman, 85, le prince Ali, 27, et Jérôme Champagne, sept.
Le Sud-Africain Tokyo Sexwale avait annoncé son retrait avant le début du vote.
"Je travaillerai sans relâche pour ramener le football à la FIFA et ramener la FIFA au football, c'est ce que nous devons faire", a déclaré Gianni Infantino peu après son élection.
"Je souhaite que le football se développe partout dans le monde et que l'on perçoive la FIFA comme une organisation qui aide chaque pays à développer le football", a-t-ildit.
Dans la matinée, la FIFA avait adopté à une très large majorité une série de réformes, les plus importantes en 112 ans d'existence de la fédération, afin de moraliser son fonctionnement alors qu'elle est ébranlée depuis plusieurs mois dans des scandales de corruption présumée.
Les délégués réunis en congrès se sont prononcés par 179 voix pour et 22 contre en faveur des mesures limitant à trois le nombre de mandats de quatre années des dirigeants et organisant la publication de leurs revenus.
Un nouveau secrétariat général, instance de direction de la FIFA, sera chargé de la gestion de tous les aspects financiers que doit traiter la fédération internationale.
Le conseil de 36 membres, dont au moins six femmes, élus par les fédérations nationales, concentrera, lui, sa mission sur les questions politiques et stratégiques.
Les deux entités seront contrôlées par une commission des audits et de la conformité.
"CHANGEMENT DE CULTURE"
François Carrard, président de la commission des réformes, a présenté le projet de 62 pages en expliquant aux délégués qu'ils devaient saisir cette occasion unique d'opérer un changement dans le fonctionnement de l'institution.
"Ces réformes sont nécessaires pour imposer un profond changement de culture à la FIFA. Il y aura plus de démocratie, il y aura une meilleure gouvernance grâce à une séparation des pouvoirs au sein du conseil, il y aura plus de transparence et il y aura plus de femmes", a-t-il déclaré.
"Ce programme de réformes jettera les fondations sur lesquelles le nouveau président et la nouvelle direction pourront construire l'avenir", a-t-il poursuivi.
Ces propositions ont été contestées par le représentant de la Palestine qui a estimé qu'elles n'apporteraient pas plus de transparence et qu'elles ne permettraient pas un équilibre des pouvoirs au sein du conseil.
Plusieurs dizaines de dirigeants du football, dont certains anciens présidents de fédérations nationales et continentales, ont été inculpés depuis le mois de mai dernier dans le cadre d'enquêtes pour corruption présumée lancées par la justice américaine et la justice suisse.
Les suspensions infligées à Michel Platini et Sepp Blatter ont été réduites mercredi dernier de huit à six années par la commission des recours de la FIFA, qui a partiellement confirmé les sanctions prises en première instance tout en reconnaissant aux deux dirigeants des circonstances atténuantes.
Michel Platini et Sepp Blatter avaient été tous deux suspendus par la commission d'éthique de la fédération internationale dans le cadre de l'enquête sur le versement au profit du Français de deux millions de francs suisses (environ 1,8 million d'euros) en février 2011 pour une mission effectuée entre 1998 et 2002.
(Ossian Shine, Simon Evans et Mike Collett; Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français)