PAPEETE, Polynésie française (Reuters) - François Hollande a jugé dimanche soir "légitime" de répondre aux revendications des Polynésiens sur les conséquences des essais nucléaires effectués par la France dans l'archipel de 1966 à 1996.
Ce délicat dossier est en tête du programme de discussions entre le chef de l'Etat, qui effectue une tournée en Océanie, et les autorités polynésiennes.
"Si aujourd'hui la France est ce qu'elle est avec cette capacité de dissuasion, c'est parce qu'il y a eu pendant une période très longue des essais nucléaires", a dit François Hollande à son arrivée à Papeete, en provenance de Wallis et Futuna.
"Il est bien légitime que la France puisse réparer un certain nombre de conséquences, qu'elles soient sociales, qu'elles soient sanitaires ou qu'elles soient économiques", a-t-il ajouté aux côtés du président polynésien Edouard Fritch.
Les autorités de l'archipel se plaignent de la lenteur de l'application de la loi Morin votée en 2010 destinée à indemniser les Polynésiens ayant des problèmes de santé dus aux essais nucléaires.
Selon le réseau Sortir du nucléaire, seules 19 personnes, dont à peine cinq Polynésiens, ont pu bénéficier d'une indemnisation à ce jour. Quant à la rente annuelle versée à la Polynésie fixée à 150 millions d'euros en 1996, elle chuterait à 84 millions d’euros en 2016.
Les partenaires sociaux réclament de leur côté à l'Etat français quelque 450 millions d'euros, représentant ce que la Caisse de prévoyance sociale (CPS, équivalent polynésien de la Sécurité sociale) a dû débourser pour les malades atteints de cancers provoqués par des radiations.
Une telle somme remettrait à flot la CPS, qui craint de ne plus pouvoir payer les retraites de ses adhérents d'ici un an environ.
Les présidents de "Moruroa e Tatou" et de l'Association 193 (chiffre correspondant au nombre d'essais menés par la France de 1966 à 1996 à et Fangataufa), ont demandé à leurs adhérents et sympathisants de se rendre, vêtus de rouge, partout où se rendra François Hollande durant son séjour à Tahiti.
(Daniel Pardon, avec Elizabeth Pineau à Paris, édité par Yves Clarisse)