PARIS (Reuters) - François Hollande a ignoré jeudi les tentatives de la CGT et Force ouvrière de l'opposer à Manuel Valls sur la loi Travail, réaffirmant qu'il irait jusqu'au bout de la réforme malgré une nouvelle mobilisation nationale.
En affichant la détermination et l'unité de l'exécutif, le chef de l'Etat s'est efforcé de dissiper la confusion qui a présidé mercredi à l'interdiction, puis finalement l'autorisation du défilé parisien.
"Sur ce projet de loi, nous irons jusqu'au bout", a-t-il souligné lors d'un discours à la Cité de refuge de l'Armée du salut, à Paris, où il a insisté sur son souci de "réduire les inégalités".
Les dirigeants de la CGT et FO en avaient appelé jeudi matin au président pour débloquer la situation en mettant en cause l'intransigeance supposée de son Premier ministre, Manuel Valls.
"Il faut qu'il prenne les affaires en main", a dit sur BFM TV le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, à propos de François Hollande, en soulignant que la CGT n'avait reçu à ce jour aucune réponse à un courrier adressé le 20 mai à l'Elysée.
"C'est le président de la République, c'est à lui à un moment donné de prendre une responsabilité", a renchéri sur Europe 1 le numéro un de FO Jean-Claude Mailly.
Philippe Martinez a demandé mercredi à François Hollande de recevoir "très rapidement" les organisations syndicales et de jeunesse.
Les deux responsables syndicaux s'en sont pris à Manuel Valls, qui, selon Philippe Martinez, "remet de l'huile sur le feu (...) à chaque fois qu'on essaye d'apaiser les choses".
"HUILE SUR LE FEU"
"Dès qu'une porte s'entrouvre pour essayer de trouver une solution, lui la ferme et ça c'est un problème", a-t-il ajouté en référence aux menaces d'interdiction brandies par Manuel Valls peu de temps après la rencontre entre le dirigeant de la CGT et la ministre du Travail, Myriam El Khomri, vendredi dernier.
Jean-Claude Mailly a opposé pour sa part le dialogue mené avec le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a négocié -- avec l'aval de Matignon, assure-t-on dans l'entourage du Premier ministre -- un compromis sur la manifestation parisienne, à la fermeture présumée du Premier ministre.
"Quand vous avez un interlocuteur qui accepte de dialoguer, on finit par trouver une solution. Ça a été le cas hier. J'aimerais bien que le Premier ministre, il sache dialoguer également", a-t-il dit.
"S'il acceptait de discuter des points-clés, qu'il ne soit pas raide comme il l'est depuis plusieurs semaines, ce conflit serait terminé depuis longtemps", a ajouté le dirigeant de FO.
Aux critiques visant Manuel Valls, qui émanent autant des syndicats que d'une partie de la majorité, Matignon répond qu'"il faut assumer ce cadre, quitte à être impopulaire".
"L'exercice des responsabilités est difficile, il faut savoir tenir", ajoute-t-on.
A ceux qui disent le chef du gouvernement isolé, son entourage renvoie au déjeuner qui a réuni mercredi une cinquantaine de parlementaires socialistes et une dizaine de ministres, dont Jean-Jacques Urvoas (Justice) et Myriam El Khomri.
(Elizabeth Pineau, Yann Le Guernigou et Jean-Baptiste Vey, édité par Sophie Louet)