PARIS (Reuters) - Les autorités françaises, qui redoutent une importation du conflit israélo-palestinien, ont interdit une manifestation de soutien aux Palestiniens de Gaza prévue samedi à Paris en invoquant les risques de troubles à l'ordre public.
Les organisateurs, dont le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et une dizaine de mouvements de soutien au peuple palestinien, ont aussitôt annoncé le dépôt d'un référé liberté contre cette mesure devant le tribunal administratif.
Lors d'une visite au Niger, François Hollande a invoqué le risque de voir des manifestations pro-palestiniennes ou pro-israéliennes se faire face et a rappelé les débordements de dimanche dernier à Paris.
"Qu'il y ait de l'émotion, qu'il y ait de la part d'une partie de nos compatriotes la volonté d'en appeler aussi au cessez-le feu, je peux comprendre, mais il ne peut pas y avoir d'importation du conflit en France", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Niamey.
Contrairement à Paris, une manifestation de soutien aux Palestiniens de Gaza prévue également samedi à Marseille, à l'appel du "Réseau Palestine Bouches-du-Rhône", a été autorisée.
"La manifestation a bien été déclarée le 16 juillet en préfecture et ne fait pour l'heure l'objet d'aucune mesure d'interdiction", a déclaré à Reuters une porte-parole de la préfecture de police de Marseille.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a justifié l'interdiction du défilé parisien par les violences qui ont éclaté dimanche dernier devant deux synagogues à l'issue d'une manifestation organisée par les mêmes collectifs.
CIRCULAIRE AUX PREFETS
"Je considère pour ma part que, à partir des éléments qui m'ont été communiqués par le préfet de police de Paris, les éléments ne sont pas réunis pour que cette manifestation se déroule dans des conditions qui garantissent la sécurité", a-t-il dit sur Europe 1.
La préfecture de police a rappelé que les organisateurs étaient les mêmes que ceux de dimanche dernier.
"La décision est fondée sur les violences de dimanche, sur la multiplication des appels sur les réseaux sociaux, sur les risques de contre-manifestation et aussi sur le fait que la manifestation était prévue un samedi, jour où les lieux du culte juif sont très fréquentés", a-t-on précisé.
Mais les organisateurs dénoncent "une atteinte grave aux droits démocratiques et à la liberté de manifester" et le NPA d'Olivier Besancenot a appelé les autorités à revenir sur leur décision.
"Si tel n'était pas le cas, nous appellerions tout de même, avec les forces politiques, syndicales et associatives attachées aux respects des droits démocratiques et révoltées par les crimes commis à Gaza, à se rassembler pour protester publiquement", écrit-il dans un communiqué.
Bernard Cazeneuve a déclaré avoir envoyé à tous les préfets une circulaire pour demander la protection des lieux de cultes en France.
"Je leur ai demandé au cas par cas si les conditions d'organisation des manifestations permettent l'apaisement et la sécurité et si ce n'est pas le cas, j'ai demandé à ce que ces manifestations soient interdites", a-t-il ajouté.
Les autorités israéliennes ont lancé dans la nuit de jeudi à vendredi une offensive terrestre dans la bande de Gaza, dix jours après le début des bombardements qui n'ont pas fait cesser les tirs de roquettes.
(Gérard Bon, avec François Revilla à Marseille, édité par Sophie Louet)