ROME (Reuters) - Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini a estimé jeudi que des élections législatives anticipées étaient nécessaires en Italie car, selon lui, la coalition gouvernementale ne fonctionne plus et ne dispose plus du soutien du parlement.
Cette déclaration intervient après des mois de disputes entre la Ligue d'extrême droite conduite par Salvini et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-système) de Luigi di Maio.
Matteo Salvini qui occupe également la fonction de vice-président du Conseil a fait part de son souhait au chef du gouvernement Giuseppe Conte qui n'appartient à aucune des deux formations au pouvoir.
"Nous devrions rapidement redonner le choix aux électeurs", a plaidé Salvini dans un communiqué, précisant que le parlement, qui observe actuellement une trêve estivale, pourrait être convoqué dès la semaine prochaine afin d'entamer la procédure nécessaire.
La convocation de nouvelles élections passe par un vote de défiance des parlementaires et une démission du chef du gouvernement.
La Ligue, fortement implantée dans le nord de l'Italie, et le Mouvement 5 Etoiles, dont la base électorale se trouve dans le Sud, ont formé un gouvernement de coalition après les élections générales de mars 2018 qui ont été marquées par la percée de ces deux partis.
Des divergences sont depuis apparues entre les deux composantes de ce tandem politique inédit, la dernière en date concernant l'achèvement de la liaison ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin, défendue par la Ligue et à laquelle s'oppose le M5S.
Le M5S possède une représentation parlementaire plus large que la Ligue mais Salvini considère que son parti dispose une plus large assise électorale comme l'indiquent les enquêtes d'opinion.
LE M5S SE DIT PRÊT
Le ministre de l'Intérieur compte sur sa popularité, confirmée lors des élections européennes du mois de mai, pour remporter des élections anticipées.
Dévoiler ainsi ses ambitions en plein mois d'août alors que les Italiens sont en vacances et que le parlement n'est pas en session est inhabituel et potentiellement risqué.
Luigi di Maio a réagi à cette déclaration en affirmant que le Mouvement 5 Etoiles n'avait pas peur de se confronter à nouveau au jugement des électeurs.
"Nous sommes prêts, nous n'avons jamais accordé la moindre importance au fait d'occuper des postes gouvernementaux", a dit Di Maio dans un communiqué.
Matteo Salvini cherche "à tromper le pays" et tôt ou tard les Italiens finiront par se retourner contre lui, a poursuivi le dirigeant populiste.
Le président italien Sergio Mattarella est seul habilité à prononcer la dissolution du parlement et pourrait se montrer réticent face à une telle option alors que doivent débuter en septembre les travaux préparatoires au budget 2020 qui devra être présenté au parlement en octobre.
L'Italie n'a jamais organisé d'élection en automne depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
(Giuseppe Fonte; Pierre Sérisier pour le service français)