par Marine Pennetier
LE CAIRE (Reuters) - En visite officielle au Caire, Emmanuel Macron a appelé lundi l'ensemble des Français de l'étranger à participer "activement et fortement" au "grand débat national" organisé en réponse à la crise des "Gilets jaunes", pour lequel il indiqué avoir "quelques idées" sans en dévoiler la teneur.
Deux semaines après le coup d'envoi de cette grande concertation, l'exécutif, qui mise sur cet exercice pour reprendre la main et mettre un terme à onze samedis de manifestation consécutifs, continue d'entretenir le mystère sur les mesures qui pourraient être prises à son issue.
Seule porte ouverte jusqu'à présent, un aménagement "au cas par cas" de la limitation de vitesse à 80km/h sur les routes secondaires - mesure défendue par le Premier ministre Edouard Philippe - qui figure parmi les revendications des "Gilets jaunes".
"J'ai quelques idées sur la réponse mais quelques idées seulement, je les forge au contact, à l'échange", a dit Emmanuel Macron devant la communauté française au Caire. "Donc de là où vous êtes je compte sur vous pour au moins deux choses dans les mois qui viennent".
"La première, c'est de participer activement comme toutes les Françaises et tous les Français vivant à l'étranger à ce grand débat", a-t-il ajouté. "Dès demain est organisé ici au Caire un de ces grands débats, allez-y activement, fortement, en apportant ce qui est votre regard et votre part de vérité vous qui voyez le monde différemment et regardez la France depuis ici".
"L'autre chose, ce sont les élections européennes" du 26 mai, a-t-il poursuivi. "Les élections, ce ne sont pas des rendez-vous qu'il faut négliger pour ensuite expliquer que la démocratie se jouerait dans la rue alors même qu'on n'a pas été voter."
"JE MARCHE SUR LA GLACE"
Le chef de l'Etat a annoncé le 10 décembre une première série de mesures en faveur du pouvoir d'achat chiffrées à 10 milliards d'euros. Depuis le 15 janvier, il a longuement débattu avec des maires dans l'Eure, le Lot et la Drôme, et a participé à un débat citoyen à Bourg-de-Péage, reprenant des couleurs dans les sondages.
Interrogé sur la situation sociale française par des journalistes à bord de son avion le conduisant de Paris au Caire dimanche, Emmanuel Macron s'est toutefois montré prudent, estimant qu'il "marchait sur la glace".
"Je n'ai jamais été grisé quand ça allait bien et je ne suis pas inquiet que le choses soient plus difficiles", a-t-il poursuivi lors d'une rencontre avec des journalistes au Caire dimanche soir.
L'issue du "grand débat national" - et la prise en compte par l'exécutif des positions qui seront exprimées dans ce cadre - est l'un des points de crispation entre le gouvernement, les "Gilets jaunes" et l'opposition - les deux derniers mettant en doute la sincérité de l'exercice et dénonçant un "enfumage" et une manoeuvre "dilatoire".
"L'objectif du grand débat est de donner un cadre aux colères et contestations", a dit Emmanuel Macron dimanche soir. "Lorsque les colères se coagulent et deviennent un prétexte à des violences, on ne construit rien en démocratie, on fragilise, on s'affaiblit."
"Je prends très au sérieux ce moment que nous vivons", a-t-il dit. "Des convictions vont se forger dans les prochaines semaines et les prochains mois qui impliqueront des décisions très profondes dans différents champs; ce n'est pas simplement telle ou telle mesure technique".
(Edité par Sophie Louet)