par Dominic Evans
BEYROUTH (Reuters) - L'armée syrienne a progressé samedi sur plusieurs fronts dans la ville de Palmyre, avec l'appui d'avions et de pièces d'artillerie, et s'est emparée de plusieurs quartiers, ont rapporté les médias officiels ainsi que l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
L'OSDH, organisation proche de l'opposition basée à Londres, a parlé de l'assaut le plus important mené par l'armée syrienne et les miliciens alliés en trois semaines, dans le cadre de leur offensive pour reconquérir la "perle du désert".
Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdoulrahman, l'armée et ses supplétifs ont pris le contrôle d'un tiers de la ville, essentiellement dans l'ouest et le nord, dont une partie de la cité antique. Des militaires sont également engagés sur un front au sud. L'armée progresse à l'intérieur de Palmyre, où elle a repris plusieurs quartiers, a affirmé quant à elle la télévision d'Etat.
Des explosions en série ont touché les immeubles, et de la fumée s'élevait de nombreux endroits. L'OSDH rapporte que les combattants du groupe Etat islamique, qui ont pris le contrôle de la ville en mai 2015, ont lancé des contre-attaques, entre autres au moyen de voitures piégées, pour stopper l'avancée des troupes régulières.
La télévision, filmant à partir de la butte où s'élève la citadelle médiévale, reprise vendredi par l'armée, a montré des chars et des pièces d'artillerie tirant sur certains points de la ville.
La reconquête de Palmyre serait le plus important revers pour l'EI en Syrie depuis le début de l'intervention aérienne russe le 30 septembre dernier, lancée pour tenter d'inverser une tendance alors défavorable au régime de Bachar al Assad.
RECONSTRUIRE PALMYRE
Une telle reconquête ouvrirait la voie à l'armée vers l'est de la Syrie, où l'EI contrôle la majeure partie des provinces de Rakka et de Daïr az Zour, dans la vallée de l'Euphrate.
L'EI, de même que le Front al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, n'est pas concernée par la cessation provisoire des hostilités qui a permis une accalmie des combats entre le régime et les insurgés dans l'ouest du pays.
Palmyre comptait 50.000 habitants selon un recensement qui remonte à plus de dix ans. Ce chiffre a été gonflé par un afflux de personnes déplacées par les combats dans le reste du pays, mais la majeure partie des habitants ont fui au moment de la prise de contrôle par l'EI en mai dernier.
"Nos forces héroïques continuent de progresser, jusqu'à ce que nous libérions chaque pouce de cette terre pure", a déclaré un militaire à la télévision d'Etat.
En août, les hommes de l'EI ont dynamité deux édifices de la cité antique de Palmyre, les temples de Bêl et de Baalchamine, qui faisaient la fierté des lieux. Les Nations unies ont parlé de crime de guerre à propos de leur destruction.
Samedi, le directeur des services des Antiquités de Syrie, Maamoun Abdelkarim, a assuré que le gouvernement syrien s'emploierait à restaurer les temples, ainsi que les tours funéraires et l'arc de triomphe qui ont également été détruits l'an dernier. Des responsables syriens ont indiqué l'an passé qu'ils avaient évacué des centaines de statues vers des lieux sûrs avant que l'EI s'empare de la ville.
(Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français)