ISTANBUL (Reuters) - L'attentat à la voiture piégée qui a fait 28 morts et une soixantaine de blessés mercredi à Ankara a été commis par un ressortissant syrien, écrit jeudi le quotidien pro-gouvernement turc Yeni Safak.
Le journal précise que l'homme, présenté sous le nom de Salih Necar, a été identifié par ses empreintes digitales enregistrées lorsqu'il est entré en Turquie avec des réfugiés syriens. La voiture qui a servi à l'attentat a été louée il y a deux semaines dans la ville d'Izmir.
Le quotidien ne fournit pas ses sources et il n'a pas été possible dans l'immédiat de confirmer ses informations.
Aucune revendication n'a été formulée à la suite de l'attaque commise dans un quartier administratif du centre de la capitale turque.
Selon l'armée turque, l'attentat visait des cars de transport militaire à l'arrêt à un feu rouge. L'intersection se situe à moins de 500 mètres du Parlement et l'explosion a eu lieu à l'heure de pointe, vers 18h30 (16h30 GMT).
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu, qui était attendu à Bruxelles pour le Conseil européen de jeudi et vendredi pour parler d'immigration, a renoncé à s'y rendre et le président Recep Tayyip Erdogan a reporté une visite en Azerbaïdjan.
De source proche des services de sécurité, on évoquait mercredi soir la piste des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). D'autres membres des forces de l'ordre affectés dans le Sud-Est, imputent la responsabilité de l'attentat à l'Etat islamique (EI).
La Turquie est de plus en plus impliquée dans le conflit syrien alors que l'agitation se poursuit dans le Sud-Est majoritairement kurde. L'armée a récemment bombardé des positions kurdes dans le nord de la Syrie.
Le 10 octobre, un double attentat suicide imputé à l'Etat islamique a fait plus de 100 morts devant la gare d'Ankara lors d'un rassemblement de militants syndicaux et de sympathisants pro-kurdes. Le 12 janvier, dix touristes allemands ont trouvé la mort dans un autre attentat suicide à Istanbul.
Interrogé par l'agence de presse kurde Firat, proche du mouvement séparatiste kurde, un des principaux dirigeants du PKK, Cemil Bayik, a déclaré qu'il ignorait qui était à l'origine de ce nouvel attentat mais a estimé qu'il s'agissait peut-être d'une riposte à la répression dans les régions majoritairement kurdes de Turquie.
"Nous ne savons pas qui a fait cela. Mais cela pourrait constituer un acte de représailles aux massacres au Kurdistan", a-t-il dit.
(Daren Butler et Humeyra Pamuk avec Gulsen Solaker et Umit Bektas à Ankara; Henri-Pierre André pour le service français)