PARIS (Reuters) - Les Républicains ont fait preuve mercredi de solidarité au lendemain de la nouvelle mise en examen de Nicolas Sarkozy, qui assombrit un peu plus l'avenir politique de l'ancien chef de l'Etat, à la peine dans les sondages et contesté dans son propre camp à 14 mois de l'élection présidentielle de 2017.
L'ancien président a été entendu mardi pendant une dizaine d'heures par les juges avant d'être mis en examen pour financement illégal de campagne électorale pour avoir dépassé le plafond légal de dépenses en 2012.
L'enquête portait à l'origine sur des fausses factures présumées émises pour un montant de 18 millions d'euros par la société Bygmalion pour couvrir des dépassements du budget de campagne. Elle a été élargie en octobre à d'autres dépenses de l'ex-UMP, d'un montant de 13,5 millions d'euros.
Le président des Républicains, qui assure avoir tout ignoré des pratiques de Bygmalion, a par ailleurs été placé sous le statut de témoin assisté pour les chefs d'usage de faux, escroquerie et abus de confiance.
Il était déjà mis en examen dans l'affaire des "écoutes", des chefs de trafic d'influence actif, corruption active et recel de violation de secret professionnel et de nombreux autres dossiers judiciaires le menacent.
Dès mardi soir, Alain Juppé, son principal rival et favori dans la course à la primaire de la droite et du centre en novembre, a exprimé son soutien à son adversaire.
"Je souhaite pour nous tous que Nicolas Sarkozy fasse prévaloir son bon droit", a écrit le maire de Bordeaux sur son compte Twitter en évoquant la "présomption d'innocence".
"UNE FORME D'ACHARNEMENT"
Mercredi, le président du Sénat et membre de la commission d'organisation de la primaire LR, Gérard Larcher, a estimé que Nicolas Sarkozy, qui n'a pas encore officialisé sa candidature, n'était pas pour autant disqualifié pour la compétition.
"Bien sûr qu'il est qualifié comme d'autres pour s'y présenter", a-t-il dit sur Europe 1 en rappelant ses "divergences" avec l'ancien président.
Pour Eric Ciotti, soutien de Nicolas Sarkozy, cette "épreuve" va renforcer la combativité du président de LR.
"Il a toujours fait face avec beaucoup de dynamisme et de volontarisme aux difficultés, aux épreuves, il le fera une fois de plus", a-t-il estimé sur France Info.
Le député des Alpes-Maritimes a dénoncé "une forme d'acharnement" contre Nicolas Sarkozy à qui "rien n'aura été épargné" par ceux qui le considèrent comme un obstacle.
Mais cet épisode judiciaire survient à un mauvais moment pour le chef de file de l'opposition confronté à un nombre grandissant de rivaux pour 2017 au sein de sa formation et lâché dans les sondages par Alain Juppé.
CANDIDATURE COMPROMISE ?
Cette mise en examen "tombe à une période un peu compliquée", a reconnu le député LR Marc Le Fur, à Reuters.
"Je crois à son honnêteté et on a pu constater que, chaque fois qu'on a entrepris contre lui des procédures, elles ont fait pschitt à la fin. Le seul problème c'est que le calendrier évidemment est un peu compliqué".
Même inquiétude voilée de l'ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était à l'Elysée, Henri Guaino.
"Nous vivons dans une époque où une mise en examen, même injustifiée, même si elle ne débouche pas sur une condamnation, atteint la réputation des personnes" a-t-il dit sur BFM TV RMC.
Avec cette mise en examen, la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle "est très compromise", a renchéri François Miquet-Marty de l'institut de sondages Vivavoice.
"Sa candidature est devenue aujourd'hui extrêmement difficile. De probable après son élection à la tête des Républicains, elle est devenue éventuelle à cause du succès d'Alain Juppé, mais maintenant elle paraît improbable."
"Ça légitime d'autant plus la candidature Juppé ce qui est plus handicapant pour François Hollande", ajoute-t-il.
Jérôme Fourquet de l'Ifop se montre lui plus prudent sur les conséquences de ce dossier judiciaire pour l'ancien président.
"Nicolas Sarkozy a déjà été confronté à la justice dans plusieurs affaires et jusqu'à présent ça ne l'a pas empêché de poursuivre sa carrière politique", souligne l'analyste.
(Marine Pennetier et Ingrid Melander, avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse)