par William James
LONDRES (Reuters) - La campagne pour le référendum de jeudi sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne a repris dimanche, trois jours après le meurtre de la députée travailliste Jo Cox, et le "In", pour lequel elle militait, remonte dans les sondages.
"Nous serons jeudi face à un choix existentiel", écrit le Premier ministre, David Cameron, dans les colonnes du Sunday Telegraph. "Vous devez donc vous poser la question suivante : 'Ai-je vraiment entendu un seul argument à même de me convaincre qu'une sortie serait la meilleure chose pour la sécurité économique de ma famille ?'".
Michael Gove, l'un des porte-parole du camp du Brexit, y répond par l'affirmative, tout en minimisant le portée du scrutin.
"Je ne peux pas prédire l'avenir, mais je ne crois pas que le fait de quitter l'Union européenne affaiblirait notre économie. Je pense qu'il la renforcerait", dit-il dans un entretien accordé au même journal.
"L'estimation médiane est que notre PIB pourrait perdre 5 à 6%. Je pense qu'il est possible que ce soit bien pire que cela", a quant à lui averti le ministre des Finances, George Osborne, interrogé dimanche par la chaîne ITV.
"Les gens anticipent déjà. Ils n'achètent plus ni maisons ni voitures. Ils reportent leurs investissements (...) C'est un avant-goût de ce qui nous attend", a-t-il ajouté.
Agée de 41 ans et mère de deux enfants, Jo Cox a été tuée en pleine rue alors qu'elle se préparait à tenir sa permanence hebdomadaire dans sa circonscription de Birstall, près de Leeds. Son agresseur, un homme de 52 ans nommé Thomas Mair, qui serait lié à l'extrême droite et aurait des antécédents psychiatriques, a été inculpé samedi.
La mort de l'élue considérée comme une étoile montante du Labour a soulevé une vague d'indignation et aura sans doute des conséquences sur le scrutin. Deux nouveaux sondages donnent d'ailleurs le maintien gagnant.
"RETOUR EN FORCE DU STATU QUO"
L'un, réalisé vendredi et samedi par l'institut Survation pour le Mail on Sunday, qui s'est prononcé en faveur de ce maintien, place le camp du "In" en tête avec 45% des suffrages contre 42% pour le "Out".
Le précédent sondage Survation, effectué pour le compte du cabinet d'analyse financière IG quelques heures avant le meurtre de Jo Cox, donnait exactement le contraire.
Le dernier sondage Yougov pour le Sunday Times, réalisé jeudi et vendredi, donne un point d'avance au camp du "In" avec 44% contre 43% pour le "Out".
Les résultats du sondage ne reflètent toutefois pas l'impact du meurtre de la députée britannique, mais plutôt des inquiétudes pour l'économie, dit le journal dominical.
"Nous vivons les derniers jours de la campagne pour le référendum et le retour en force du statu quo paraît être très marqué", souligne Anthony Wells de l'institut de sondage YouGov.
Un troisième sondage publié samedi en début de soirée pour le journal The Observer donne les deux camps à égalité, avec 44%.
L'enquête a été effectuée par l'institut Opinium auprès de 2.006 personnes entre le 14 et le 17 juin. La plupart des sondés ont répondu avant le meurtre de Jo Cox.
Le précédent sondage Opinium/Observer, publié le 11 juin, donnait le camp du "In" légèrement devant, avec 44% contre 42% au camp du "Out".
Le Daily Mirror publie quant à lui une enquête de l'institut YouGov réalisée les 15 et 16 juin (avant là encore le meurtre de Jo Cox) et donnant aux partisans du Brexit une avance de deux points (44%) sur ceux du maintien (42%).
Contrairement au Mail on Sunday qui s'est prononcé en faveur d'un maintien, le Sunday Times s'est dit en faveur d'un Brexit.
Le journal a appelé les électeurs à voter "non" afin de faire pression pour des réformes en profondeur, quitte à rejoindre ensuite l'UE avec un second référendum, une idée soutenue par l'ex-maire de Londres Boris Johnson, devenu dans les faits chef de file des partisans du Brexit.
(Julie Carriat, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français)