PARIS (Reuters) - La grève à la SNCF a coûté à ce jour au moins 250 millions d'euros à l'entreprise publique, a déclaré mercredi son président, Guillaume Pepy, lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes économiques et financiers (AJEF).
Le 7 juin, il avait parlé d'un coût supérieur à 300 millions d'euros. Un chiffre qu'il n'a pas renié mercredi.
"Le chiffre d'aujourd'hui, c'est plus de 250 millions. Il est à craindre que ça puisse atteindre 300 millions d'euros", a-t-il déclaré.
Au total, il y a eu ces dernières semaines 23 jours de grève à la SNCF, à l'appel essentiellement de la CGT cheminots et de Sud-Rail, qui ont fait des négociations sur un nouveau cadre social pour l'entreprise un élément du bras de fer avec le gouvernement sur le projet de loi Travail.
Sud-Rail a annoncé mercredi par communiqué qu'il faisait valoir son droit d'opposition à cet accord d'entreprise, appelant d'autres syndicats à faire de même pour le torpiller.
La CGT, dont le positionnement sera crucial, n'a pas encore fait connaître sa décision sur ce point.
Le montant de 250 millions d'euros, "c'est un montant absolument énorme, qui va peser évidemment sur la capacité de la SNCF à investir et sur ses résultats", a estimé Guillaume Pepy.
Sur ce chiffre, l'essentiel est constitué par 190 millions d'euros de perte de chiffre d'affaires, à quoi s'ajoutent des remboursements d'abonnement et des pénalités payées aux clients, a précisé le président de la SNCF.
Ces chiffres ne comprennent pas les remboursements demandés par environ 20.000 clients, d'éventuelles pénalités demandées par les régions, et un effet "halo" sur le fret, c'est-à-dire un certain nombre de clients jugeant que le transport ferroviaire n'est pas suffisamment fiable, a-t-il ajouté.
"Il y a sans doute quelques dizaines de millions d'euros qui vont se décider dans les mois à venir", a-t-il souligné.
Il a en revanche estimé que la SNCF, transporteur officiel de l'Euro de football 2016 qui a commencé le 10 juin, en plein mouvement de contestation du projet de loi Travail, avait été jusqu'ici quasiment un "sans faute".
La SNCF a aidé à transporter à ce jour quelque 3,5 millions de supporters, dont 1,5 million pour les stades et deux millions pour les "fan zones", grâce notamment à l'affrètement de 650 TGV, a précisé Guillaume Pepy.
Sur ce nombre, un seul TGV est arrivé en retard et ses passagers ont raté une vingtaine de minutes du match qu'ils allaient voir, a-t-il fait valoir.
L'interdiction d'alcool à bord des trains a permis qu'il n'y ait aucun incident à bord, a ajouté le président de la SNCF.
"Il faut continuer, il y a encore un tiers de matches à jouer", a-t-il conclu.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)