BEYROUTH (Reuters) - Les forces fidèles au gouvernement syrien ont atteint dimanche la principale route reliant la partie d'Alep sous le contrôle des rebelles au monde extérieur, a-t-on appris auprès de groupes insurgés.
Cette avancée des troupes loyalistes leur permet d'encercler complètement les quartiers de la ville encore tenus par la rébellion, où vivent environ 300.000 personnes, que Bachar al Assad s'est promis de reprendre.
Mais, dans les faits, la route Castello est quasiment barrée depuis que les forces pro-gouvernement se sont emparées, il y a près de deux semaines, de positions dominant cette voie stratégique, même si quelques camions s'y sont aventurés la semaine dernière.
"Elle est complètement coupée", a déclaré Zakaria Malahifji, porte-parole du groupe rebelle Fastakim, ajoutant que les combats se poursuivaient dans la zone. "C'est un désastre, mais nous allons voir comment tournent les combats. Je ne sais pas s'ils vont se retirer ou rester là", a-t-il encore dit.
Ses propos sont confirmés par d'autres sources au sein des organisations hostiles au pouvoir de Damas.
Le commandant Abou Ibrahim, qui appartient au mouvement Nouri al Dine Zinki, a fait savoir que les insurgés recommandaient désormais aux civils de se tenir à l'écart de la zone.
"La Route Castello est complètement coupée à cause des combats et de la progression des bandes d'Assad. Nous disons aux civils de n'emprunter la route sous aucun prétexte et par quel moyen que ce soit."
"NOUS SOMMES DÉSORMAIS ASSIÉGÉS"
Seize combattants rebelles sont morts dimanche dans les affrontements le long de la route et dans les quartiers environnants, selon les médias d'Etat et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui ne donnent en revanche aucune précision sur les victimes éventuelles dans le camp pro-Assad.
Les combats se sont poursuivis dans la journée et, d'après le groupe Djaïch al Nasr, les insurgés ont repris le contrôle de certaines zones.
Le commandant d'une autre organisation de rebelles affirme au contraire que le gouvernement a engagé une "offensive totale", à l'aide de pièces d'artillerie lourde, d'avions et de chars, pour s'emparer de la dernière route permettant l'approvisionnement des rebelles.
"Nous sommes désormais assiégés et nous ne ne disposons d'aucun tunnel, ni d'aucune réserve stratégique qui pourrait durer longtemps, (...) seulement deux ou trois mois pour nourir 300.000 personnes", d'après ce commandant, qui a demandé à rester anonyme.
Il parie en outre sur un siège long, préalable à un assaut sur les principaux quartiers toujours aux mains de la rébellion.
"Dans deux ou trois mois, on commencera à avoir faim et on ne pourra plus résister. Alors ils passeront à l'attaque dans la ville", juge-t-il.
Les combats de dimanche ont éclaté au lendemain d'une série de frappes aériennes intensives, qui ont fait au moins 28 morts, dont cinq enfants et sept femmes, d'après l'OSDH, dont le siège est installé à Londres.
Première ville de Syrie avant la guerre civile, avec plus de deux millions d'habitants, Alep est depuis des années l'un des principaux enjeux du conflit.
(Dominic Evans et Tom Perry, avec Suleiman al Khalidi à Amman, Nicolas Delame et Simon Carraud pour le service français)