par Nidal al-Mughrabi et Ari Rabinovitch
GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Les habitants de la bande de Gaza se sont rués dans les magasins et dans les banques jeudi pendant une trêve humanitaire de cinq heures, alors que des négociations sont en cours en Egypte pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu permanent.
Au dixième jour de l'opération lancée par l'armée israélienne contre le Hamas pour faire cesser les tirs de roquettes en territoire israélien, le calme a prévalu une grande partie de la journée dans l'enclave palestinienne. Seuls des incidents mineurs ont été signalés.
Depuis le 8 juillet, les affrontements ont fait 224 morts côté palestinien, en grande majorité des civils, selon le dernier bilan publié par les services de santé de la bande de Gaza, et un mort côté israélien.
A Jérusalem, un responsable israélien a déclaré que l'Egypte avait proposé qu'une trêve durable entre en vigueur à partir de vendredi. Cette proposition a été acceptée par la délégation envoyée au Caire par Israël, a-t-il ajouté, mais elle continue d'être examinée par le cabinet restreint de sécurité réuni autour du Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
Un porte-parole du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a démenti l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à partir de vendredi 06h00 (03h00 GMT), comme l'avait annoncé le responsable israélien.
Les sirènes ont retenti dans le sud d'Israël jeudi à 15h00 (12h00 GMT), heure de l'expiration de la trêve humanitaire de cinq heures. L'armée israélienne n'a ensuite fait état que d'un tir de roquette.
TENTATIVE D'INFILTRATION
Pendant le cessez-le-feu, l'armée avait annoncé que trois obus de mortier tirés de la bande de Gaza étaient tombés dans des zones inhabitées en Israël et que les soldats israéliens avaient eux aussi tiré au mortier après qu'un des leurs eut été blessé par une explosion près de la frontière.
Quelques heures avant le début de la trêve, une dizaine de combattants palestiniens avaient emprunté un tunnel creusé sous la frontière aboutissant tout près d'une localité israélienne; l'un d'eux au moins a été tué par des tirs de l'aviation israélienne, a précisé Tsahal.
Egalement avant la trêve, un avion israélien a bombardé une maison à Rafah, dans le sud de Gaza, tuant trois personnes et en blessant plusieurs autres, selon des responsables médicaux.
Dans la ville de Gaza, des centaines de Palestiniens ont profité de la trêve pour se rendre à leur banque et se ravitailler dans les commerces alimentaires, remplissant ainsi des rues presque vides depuis plus d'une semaine.
"Nous sommes venus pour être payés", a expliqué Zakaria Ahmed, 35 ans, qui remercie Dieu pour l'accalmie. "Nous espérons que l'Egypte permettra un cessez-le-feu durable, que les morts cesseront et que les points de passage (à la frontière ) rouvriront."
Le soulagement était également perceptible côté israélien. Dans la ville d'Ashkelon, dans le sud, régulièrement visée par des roquettes ces derniers jours, de nombreuses familles sont sorties dans les rues après être restées enfermées pendant des jours.
"Ils ont fini par décider un cessez-le-feu, au moins pour une courte période", a déclaré Netanel Moshe Popesmedo, un jeune habitant de la ville, à la chaîne de télévision Channel 10. "On peut profiter des vacances d'été pour s'amuser."
OBAMA SALUE LES EFFORTS DIPLOMATIQUES ÉGYPTIENS
Mercredi, 130 roquettes ont encore été tirées en direction de l'Etat hébreu et un bombardement de la marine israélienne a coûté la vie à quatre garçons d'une même famille âgés de 9 à 11 ans sur une plage de Gaza.
L'armée israélienne a parlé d'un événement "tragique" et dit avoir ouvert une enquête sur le déroulement des faits.
A Washington, Barack Obama s'est félicité des efforts déployés par l'Egypte pour amener les deux parties à un cessez-le-feu, et il a promis que les Etats-Unis allaient mobiliser toutes leurs ressources diplomatiques au cours des prochaines 24 heures pour parvenir à un accord.
Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, est depuis mercredi dans la capitale égyptienne, où il a rencontré Moussa Abou Marzouk, un dirigeant du Hamas, pour évoquer l'offre égyptienne.
(Avec Dan Williams, Jean-Philippe Lefief, Marc Angrand, Agathe Machecourt et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)