PARIS (Reuters) - Anne-Sophie Leclere, ancienne candidate du Front national aux municipales, a annoncé mercredi qu'elle ferait appel de sa condamnation à neuf mois de prison ferme pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux un photomontage assimilant Christiane Taubira à un singe.
Elle a été condamnée mardi par le tribunal de grande instance de Cayenne à neuf mois de prison ferme, 50.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité pour injure à caractère racial et diffamation.
"C'est de l'injustice, je ne sais même pas sur quoi ils se sont basés", a-t-elle réagi sur BFMTV, voyant dans ce jugement un "règlement de comptes" lié à son appartenance passée au Front national.
"J'aurais appartenu à un autre parti, ce ne serait pas allé aussi loin", a-t-elle ajouté, regrettant toutefois d'avoir eu "des paroles maladroites".
Joint par Reuters, son avocat, Me Jacques Erb, a rejeté toute idée de racisme.
"Il y a maldonne, on a mis sur l'autel la petite Leclere parce qu'elle était soi-disant du Front national", a-t-il dit.
"Elle est patriote, elle en veut simplement à Madame Taubira d'avoir, à un moment, souhaité l'indépendance de la Guyane", a-t-il ajouté.
Le Front National, condamné solidairement à 30.000 euros d'amende, a également annoncé mercredi son intention de faire appel de ce jugement. Il avait exclu la candidate en décembre dernier après la médiatisation de sa publication.
"DISPROPORTION"
"Le Front National n'a jamais donné les moyens à Madame Leclere d'avoir ces propos-là", a déclaré sur BFMTV et RMC son vice-président Florian Philippot, estimant qu'il s'agissait d'un "jugement politique, voire illégal".
Il a souligné que la plainte avait été déposée par un mouvement guyanais, Walwari, créé selon lui par l'actuelle ministre de la Justice.
"On est dans la disproportion la plus terrible. Il y a Mme Taubira derrière tout cela, c'est une évidence", a-t-il dit.
Dans l'émission "Envoyé Spécial" diffusée en octobre dernier sur France 2, Anne-Sophie Leclere avait déclaré assumer la publication du photomontage -dont elle n'est pas l'auteur- sur son compte Facebook.
"Je préfère la voir dans un arbre (...) que de la voir au gouvernement", disait-elle alors de Christiane Taubira, estimant toutefois que ses propos n'étaient pas racistes.
Sa condamnation à de la prison ferme a été saluée par plusieurs associations de lutte contre le racisme ainsi que des personnalités politiques.
Tout en refusant de "porter (un) jugement sur le jugement", le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a jugé sur France 2 le propos de l'ex-candidate du FN "parfaitement révoltant, inadmissible et (...) condamnable."
Interrogée sur cette affaire à la sortie du conseil des ministres, Christiane Taubira a rappelé que les magistrats jugeaient "en droit", "selon le Code pénal".
(Marion Douet et Chine Labbé, édité par Sophie Louet)