TUNIS (Reuters) - Quelques heures avant de lancer son camion dans la foule rassemblée sur la Promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a téléphoné à ses proches et envoyé une photo de lui au milieu de la foule à Nice, sur laquelle il semble "très heureux", a dit dimanche à Reuters son frère.
Le Tunisien de 31 ans, qui a perpétré l'attaque qui a coûté la vie à 84 personnes et blessé plusieurs centaines d'autres, a appelé ses proches dans l'après-midi ce jour-là.
"Il a dit qu'il était à Nice avec ses amis européens pour célébrer la fête nationale", a dit Jabeur. Sur la photo, il apparaît "très heureux et content, il riait".
Reuters n'a pas pu voir cette photographie que Jabeur n'a pas souhaité partager.
Inconnu des services de renseignement, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel est décrit depuis plusieurs jours par son voisinage et ses proches comme un homme violent, adepte du sport et fragile psychologiquement.
Il s'est radicalisé "très rapidement", souligne le Premier ministre Manuel Valls dans un entretien au Journal du Dimanche.
En août 2004, Mohamed Lahouaiej Bouhlel consulte un psychiatre à Msaken, une ville située à 120 km au sud de la capitale Tunis, dont il est originaire.
"Il avait des problèmes de comportement avec ses parents à l'époque (...) il était très agressif à leur encontre", a dit Chemceddine Hamouda à Reuters. "Il avait essayé à plusieurs reprises d'enfermer ses parents dans une pièce de leur maison".
"Il avait des problèmes avec son corps", poursuit le psychiatre. "Il disait : 'pourquoi je suis si maigre ? Je ne suis pas heureux avec mon corps'".
Chemceddine Hamouda se rappelle lui avoir prescrit des pilules pour régler "ses problèmes de comportement et son agressivité".
Sa dernière apparition à Msaken remonte à 2012 mais selon des membres de sa famille, Bouhlel se serait mis à les appeler à plusieurs reprises ces dernières semaines.
"Il m'a parlé de Msaken, de la boxe et du sport, et du fait qu'il allait revenir à Msaken bientôt", dit son frère. "Il a demandé des nouvelles de nos parents, il n'a jamais cessé de me parler, nous étions très proches".
"Il nous a envoyé des petites sommes d'argent récemment, parfois 300 ou 400 euros et des téléphones portables".
(Tarek Amara, Marine Pennetier pour le service français, édité par Eric Faye)