PARIS (Reuters) - Il est bon que les Français débattent de la limitation contestée de la vitesse à 80 km/h sur certaines routes mais il serait "fou" de revoir l'ambition de la sécurité routière à la baisse, a déclaré lundi Edouard Philippe.
Le Premier ministre a estimé que les chiffres de la mortalité routière en 2018, les meilleurs depuis que l'accidentologie est mesurée en France, prouvaient la pertinence de la mesure qu'Emmanuel Macron s'est déclaré prêt à assouplir.
La limitation à 80 km/h a alimenté la colère d'une partie de la population, figure parmi les revendications de certains "Gilets jaunes" et est fréquemment citée lors des débats citoyens lancés jusqu'à mi-mars pour répondre à la crise qui perturbe la France depuis des mois.
Le Premier ministre, qui s'est fortement engagé pour défendre la mesure, a précisé qu'il présenterait les chiffres département par département à chaque président de conseil départemental, qui "pourra réagir et faire part de ses propositions" sur ce sujet.
"Nous sommes fiers d'avoir pris nos responsabilités et je pense qu'avant la fin du débat, ou après le débat, chacun devra prendre les siennes, en les assumant devant les Français", a-t-il ajouté lors d'un déplacement en Seine-et-Marne.
En 2018, 3.259 personnes ont été tuées contre 3.448 en 2017, a dit le chef du gouvernement. "2018, c'est l'année où l'on aura compté le moins de morts sur les routes" et l'amélioration est forte pour le nombre de blessés.
La limitation à 80 km/h "a parfois suscité l'incompréhension (...) et même d'une certaine façon la colère", a dit Edouard Philippe.
"Je crois juste que les Français puissent s'exprimer", a-t-il ajouté. "Il est tout à fait légitime de discuter de ce sujet mais il serait fou de baisser le niveau d’ambition."
"Ce serait d'autant plus déraisonnable que les résultats pour l’année 2018 sont sans aucune ambiguïté : ce sont des résultats historiques", a-t-il poursuivi.
Avec les dégradations de radars constatés lors de la crise des "Gilets jaunes", une augmentation de la vitesse a été mesurée, a souligné Edouard Philippe. Et avec cette augmentation de la vitesse, "le nombre d’accidents et leur gravité va augmenter ou peut augmenter", a-t-il voulu mettre en garde.
Lors d'une rencontre avec des maires les 18 janvier dans le Lot, Emmanuel Macron avait laissé entendre que 10 à 20% du réseau pourrait repasser à une limitation de 90km/h.
"Le gouvernement a eu raison de s'attaquer au sujet de l'insécurité routière, c'est un débat important et c'était courageux", a-t-il dit. "Force est de constater que ce n'est pas compris. Je ne suis pas dans le déni de réalité".
"Je suis passé sur certaines routes, on n'arrive pas à monter à 80km/h déjà. Sur d'autres, ça énerve davantage car on peut y aller un peu plus fort en montant à 85-90 km/h. On peut essayer ensemble de garder notre efficacité et avancer", a-t-il ajouté.
(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)