Investing.com - Pour la plupart des gens, les efforts de Donald Trump pour contester le résultats de l'élection présidentielle US qu'il vient de perdre resteront vains. Cependant, il est toujours utile d'envisager les scénarios les plus inattendus, pour rester prêt à tout.
C'est ce qu'a fait JP Morgan hier avec une note d'analyse prévenant ses clients qu'il y a encore une chance que ce processus sombre dans le chaos.
Michael Cembalest, président de la stratégie de marché et d'investissement chez JPMorgan (NYSE:JPM) Asset Management, a en effet mis en lumière un "risque lointain d'une histoire d'horreur américaine" et de "chaos constitutionnel".
Pour crédibiliser ce risque, Cembalest a souligné le limogeage mardi soir par le président Donald Trump du plus haut responsable de la sécurité des élections américaines, ainsi que la décision du procureur général William Barr d'autoriser les procureurs à enquêter sur les allégations de fraude électorale et la certification des résultats des élections dans le plus grand comté du Michigan.
Cependant, JP Morgan précise qu' "il faut que BEAUCOUP de choses très peu orthodoxes se produisent pour que Trump soit réélu". "Malgré tout, je n'exclus rien" a toutefois écrit Cembalest.
Or, selon lui, l'impact sur les marchés serait retentissant, après que ceux-ci aient largement progressé face à une élection US moins serrée que les analystes l'avaient prédit.
"Les marchés pourraient réagir négativement si les États-Unis, en tant que pays à monnaie de réserve, sont considérés comme glissant vers l'illégitimité électorale en raison des manœuvres post-électorales des partis politiques", a en effet écrit Cembalest.
Les experts juridiques affirment que la tentative de Trump de renverser l'élection est loin d'être gagnée, dans la mesure où Trump perd par trop de voix dans trop d'États.
Cembalest note en effet que Trump devrait "renverser ou entraver les résultats dans trois États" pour empêcher Joe Biden d'atteindre les 270 votes électoraux requis par la Constitution. Et malgré les affirmations sans fondement de Trump, il n'y a aucune preuve de la fraude généralisée nécessaire pour renverser ces résultats.
Malgré cela, JPMorgan a exposé plusieurs développements qui pourraient jeter le doute sur ce résultat, notamment le fait qu'un ou plusieurs États soumettent des listes électorales concurrentes. Ces listes concurrentes seraient ensuite résolues le 6 janvier par le nouveau Congrès par le biais de règles énoncées dans l'Electoral Count Act de 1887.
"Le scénario cauchemardesque pour les marchés", selon Cembalest, serait que les républicains du Sénat déclarent l'ECA inconstitutionnel, qu'ils fassent basculer trois États en faveur de Trump pour lui donner les 270 votes électoraux requis et que les démocrates refusent de participer.”
"Tout cela ouvre la perspective d'inaugurations en duel", a écrit Cembalest, notant que ce résultat n'a été "évité de justesse" qu'en 1876.
Un autre risque exposé par Cembalest est que la Justice ordonne aux enquêteurs de "saisir ou de confisquer les dossiers électoraux" pour enquêter sur les fraudes électorales, ce qui ralentirait le processus.
Enfin, rappelons que le patron de JP Morgan, Jamie Dimon, s'est exprimé mercredi pour appeler à une transition pacifique et au soutien à Joe Biden :
"Nous avons besoin d'une transition pacifique. Nous avons eu une élection. Nous avons un nouveau président", a en effet déclaré M. Dimon lors de la conférence virtuelle "DealBook" du New York Time. "Vous devriez le soutenir, que cela vous plaise ou non, car il est basé sur un système de foi et de confiance."