STRASBOURG (Reuters) - La fédération des associations de protection de la nature en Alsace et les opposants au projet de contournement autoroutier de Strasbourg ont dénoncé, mercredi, le feu vert donné par l’Etat à cette infrastructure en dépit de l’avis négatif du Conseil national de protection de la nature (CNPN).
Les ministres de la Transition écologique et des transports, Nicolas Hulot et Elisabeth Borne, avaient ordonné en octobre à Vinci (PA:SGEF) de suspendre les travaux préparatoires au chantier, dans l’attente d’un nouvel avis du CNPN rendu nécessaire par une première évaluation défavorable.
"A quoi servent les instances et les procédures si l’Etat lui-même s’assoit dessus dès que les conclusions de ces procédures contredisent ses projets ? L’Etat prétend faire accepter à Vinci des mesures de compensation alors qu’il vient de disqualifier la seule instance indépendante capable de les évaluer", s’émeuvent Alsace Nature et GCO (pour Grand contournement ouest) Non merci, dans un communiqué commun.
Les deux associations joignent les conclusions du CNPN. L’avis, rendu le 15 décembre, n’est ni "favorable" ni même "favorable sous conditions" mais clairement "défavorable".
"L’objectif d’absence de perte nette de biodiversité ne peut être atteint dans l’état des propositions faites par le pétitionnaire", conclut le Conseil dont l’avis est seulement consultatif.
Les deux ministères concernés ont fait savoir mardi que la déclaration d’utilité publique permettant à Arcos, filiale du groupe de travaux publics Vinci, de réaliser les travaux du contournement ouest de Strasbourg, était prorogée de huit ans.
L’Etat "délivrera l’autorisation unique environnementale pour permettre la réalisation de l’autoroute en y intégrant l’ensemble des prescriptions complémentaires nécessaires", ajoutaient-ils.
L’infrastructure à péage de 24 kilomètres qui doit contribuer à libérer Strasbourg du passage des camions, mais en traversant de riches terres agricoles et des zones humides, représente un investissement de 553 millions d’euros.
Le président de l’Eurométropole de Strasbourg, le socialiste Robert Herrmann, et le président Les Républicains de la région Grand Est, Jean Rottner, se sont félicités l’un et l’autre dans un communiqué de la décision du gouvernement.
(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)