PARIS (Reuters) - Les musulmans de France disent "Non à la barbarie" car "l'islam, c'est la tolérance", a déclaré vendredi le recteur de la Grande Mosquée de Paris lors d'un rassemblement en hommage à Hervé Gourdel, le Français assassiné en Algérie par des djihadistes.
Plusieurs centaines de personnes, dont la maire socialiste Anne Hidalgo et la députée Valérie Pécresse, présidente du groupe UMP au conseil régional d'Ile-de-France, se sont réunies devant la Grande Mosquée pour rendre "un hommage solennel (...) à la mémoire d'Hervé Gourdel lâchement assassiné".
Mgr Michel Dubost, évêque du diocèse d'Evry-Corbeil-Essonnes (Essonne), était également présent aux côtés de Dalil Boubakeur, qui dirige par ailleurs le Conseil français du culte musulman.
"Face au terrorisme aveugle, face à la barbarie, comment, comment chers frères, chères soeurs, parler d'islam?", a lancé ce dernier.
"Tuer un homme, dit le Coran, c'est comme si on tuait toute l'humanité. (...) Dans l'islam, la vie est sacrée. L'islam, c'est la tolérance", a-t-il souligné.
"Par notre dignité, par notre recueillement, nous voulons tous et toutes témoigner de notre volonté de rejet de ces exactions ignobles", a dit Dalil Boubakeur.
"Nous musulmans de France, a-t-il poursuivi, nous disons 'halte à la barbarie', nous affirmons et nous répétons que l'islam, c'est la paix, c'est le respect de la vie".
"Tous ensemble, nous disons 'non' au terrorisme, 'non' à la barbarie".
"GAGNER LE COMBAT DE LA PAIX"
Avant d'inviter à une minute de silence, le président du CFCM a estimé que ce rassemblement était "l'expression forte et vivante de notre volonté d'unité nationale et de notre volonté inébranlable de vivre ensemble".
Mgr Dubost a ensuite pris brièvement la parole pour exhorter les musulmans à être "fiers" de ce qu'ils sont.
"Je ne partage pas votre foi, mais je la respecte. (...) Nous devons ensemble gagner le combat de la paix", a-t-il déclaré.
Anne Hidalgo a salué par la suite l'oeuvre du CFCM en faveur d'un "islam de France tolérant, ouvert, respectueux des lois de la République".
"Nous n'avons pas peur parce que ce que nous portons ensemble est beaucoup plus fort que cette haine de l'autre", a ajouté la maire de Paris.
A Nantes (Loire-Atlantique), devant la mosquée des quartiers Nord, plusieurs dizaines de fidèles se sont rassemblés à l'issue de la prière derrière une pancarte sur laquelle on pouvait lire en bleu-blanc-rouge "Pas en mon nom", le cri de ralliement mondial des musulmans opposés à l'Etat islamique autoproclamé.
"Nous condamnons ce que vous condamnez", a dit l'imam Abdelkarim Jana aux journalistes. "On a tous été touchés, horrifiés. Mais notre présence, ici, montre tout. Elle est plus forte que tous les mots qu'on pourrait trouver."
"On a toujours vécu en paix avec les autres religions, que ce soit ici en France ou en Afrique du Nord", témoigne Souhail Boubia, un étudiant de 25 ans.
"Ce n'est pas à cause de quelques fanatiques que la situation va changer aujourd'hui", a-t-il ajouté.
(Sophie Louet avec Guillaume Frouin à Nantes, édité par Yves Clarisse)