PARIS (Reuters) - Les principaux syndicats de magistrats ont annoncé mardi, avant l'annonce par Emmanuel Macron d'une refonte du système des peines, qu'ils boycotteraient un rendez-vous avec la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, consacrée à la réforme de la Justice.
Le Syndicat de la magistrature (SM) et l'Union syndicale des magistrats (USM) disent avoir été informés lundi soir par le cabinet de la ministre qu'ils n'auraient le projet de loi que mercredi et seraient reçus le 15 mars, jour de la transmission de ce texte au Conseil d'Etat.
"Après avoir organisé un simulacre de consultation sans jamais nous donner connaissance des projets de textes précis, la ministre de la Justice tente le coup de force en nous proposant de nous entendre alors que tout sera déjà joué", déclarent les deux syndicats dans des communiqués.
"De ce fait, nous ne nous rendrons pas au rendez-vous fixé par la ministre, qui n’est qu’une nouvelle manoeuvre pour réduire au silence toute critique des projets en cours", ajoutent le SM et l'USM, selon lesquels cette position est partagée par les organisations syndicales des personnels de greffe.
Le chef de l'Etat était attendu mardi après-midi à l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (ENAP), à Agen (Lot-et-Garonne), où il devait présenter le volet de la réforme de la justice intitulé "le sens et l'efficacité des peines", y compris les peines alternatives à la détention.
Emmanuel Macron veut faire en sorte que les peines prononcées soient effectivement exécutées et réellement en rapport avec les délits punis, dit-on dans son entourage.
"Ce n'est pas juste des curseurs qu'on bougera, c'est une philosophie, un système différents", ajoute-t-on de même source.
Le SM et l'USM accusent pour leur part le gouvernement de n'avoir fait aucun cas de ce que pensent les fonctionnaires de l'institution judiciaire, les magistrats et les avocats.
Laurence Blisson, secrétaire générale du SM, dénonce un "plan de communication de façade" : "Le gouvernement veut avant tout que ses délais soient tenus, quoi qu'il arrive", a-t-elle déclaré à Reuters.
Selon elle, l'une des mesures phares sera la suppression des peines de détention inférieures ou égales à un mois.
"On est vraiment dans la mesure gadget, cela concerne très peu de personnes", estime cette juge d'application des peines.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)