PARIS (Reuters) - Révélés en 2011 en plein scandale Strauss-Kahn, les jeux sexuels de l'ex-secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron sont au coeur du procès qui s'ouvre mardi devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis sur fond de tourmente Weinstein.
Le maire et ancien député Les Républicains de Draveil comparaît pour viol et agression sexuelle en réunion avec son ex-adjointe à la culture Brigitte Gruel, poursuivie pour les mêmes chefs et complicité de viol en réunion.
L'un et l'autre rejettent les accusations des deux plaignantes, deux anciennes employées municipales, qui leur valent d'encourir une peine de 20 ans de réclusion criminelle.
Eva Loubrieu et Virginie Faux, embauchées à la mairie de Draveil en 2007 et 2008, ont raconté aux enquêteurs comment, sous prétexte de massage thérapeutique des pieds, dont Georges Tron se dit adepte, l'élu et son adjointe se sont adonnés sur elles à des séances d'attouchements et de jeux sexuels.
Elles ont également décrit l'emprise et les pressions exercées par Georges Tron et Brigitte Gruel, d'abord pour les contraindre à ces jeux, puis au silence.
Virginie Faux a fait deux tentatives de suicide. Eva Loubrieu, accusée de vol et licenciée en juillet 2009, a également tenté de se tuer en août 2010.
De nombreux autres témoignages recueillis au cours de l'enquête décrivent le maire de Draveil sous les traits d'un "fétichiste du pied", des femmes dénonçant le caractère clairement sexuel et déplacé de son comportement avec elles.
Des membres de la municipalité ont aussi souligné que les femmes recrutées par le maire étaient souvent dans une situation personnelle difficile (divorcées, sans emploi) et donc fragiles.
"IL M'A CHOISIE COMME PROIE"
Dans un premier temps, un juge d'instruction a prononcé un non lieu. Mais les deux accusatrices, présentées par Georges Tron et Brigitte Gruel comme des affabulatrices au comportement sujet à caution, avec un penchant pour l'alcool, ont obtenu de la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Paris leur mise en accusation, confirmée en 2015 par la Cour de cassation.
Dans la dernière édition du Journal du Dimanche, Georges Tron, 60 ans, maintient qu'il n'a rien à se reprocher et crie à la manipulation, notamment de la part de ses adversaires locaux du Front national.
"Je vais me battre (...) Jusqu'à présent, j'ai été pudique mais au cours de ce procès. Je vais sortir de ma réserve et balancer moi aussi", déclare celui qui fut un collaborateur de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur.
Eva Loubrieu a pour sa part réaffirmé sur Europe 1 sa version : "Dès le départ, il (Georges Tron) m'a choisi comme proie", a-t-elle déclaré.
En mai 2011, la tempête médiatique déchaînée par les accusations d'une femme de chambre de l'hôtel Sofitel de New York à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn, alors directeur général du FMI, avaient relativement préservé George Tron.
Mais l'avalanche de révélations de cas de femmes agressées sexuellement dans le monde, déclenchée par le cas du producteur américain Harvey Weinstein, pourrait peser le 22 décembre sur la sentence qui sera rendue par la cour d'assises de Bobigny.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)