PARIS (Reuters) - La France a appelé lundi l'Italie à respecter la législation en matière d'accueil des migrants et à accepter la mise en place de "centres d'attente", à l'heure où plusieurs dizaines de migrants sont massés à la frontière franco-italienne.
Le président du Conseil italien Matteo Renzi a réclamé ce week-end une modification des règles du droit d'asile en Europe et a une nouvelle fois reproché à ses partenaires européens d'avoir abandonné l'Italie face à l'afflux de migrants.
Avec 171.000 migrants débarqués sur ses rives l'an dernier, l'Italie est la principale porte d'entrée de l'immigration irrégulière en Europe, notamment en provenance d'Afrique.
"Il faut que l'Italie accepte que l'Union européenne mette en place ce qu'on appelle les "hotspots", les centres d'accueil où on distingue les migrants économiques irréguliers des demandeurs d'asile", a déclaré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve sur BFM TV et RMC. "Il faut que l'Italie l'accepte parce que sinon la solidarité ne pourra pas marcher".
"Il faut que ces migrants soient enregistrés, que leurs empreintes digitales soient prises et ensuite nous répartirons (les migrants entre les Etats membres NDLR), parce que nous sommes favorables à cela en terme de solidarité", a-t-il ajouté.
La commission européenne a présenté en mai sa nouvelle stratégie pour l'immigration, qui prévoit notamment une meilleure répartition des réfugiés entre les Etats membres.
Début juin, Paris et Berlin se sont dits prêts à examiner la proposition de la Commission européenne sur l'accueil des demandeurs d'asile à condition que ce dispositif soit "temporaire et exceptionnel" et obéisse à "une clé de répartition agréée et équitable".
"Il y a la nécessité de faire respecter les règles de Dublin", a déclaré Bernard Cazeneuve. Cette législation contraint les migrants à faire leur demande d'asile dans le premier pays d'entrée lorsqu'ils arrivent sur le territoire de l'Union européenne.
PAS DE BLOCAGE
Les migrants arrivés en Italie "doivent être pris en charge par l'Italie, c'est le droit européen, il n'y a pas de blocage de la frontière (...) il y a simplement le respect à la frontière franco-italienne des règles de Schengen et de Dublin", a-t-il ajouté alors que plusieurs centaines de migrants ont été empêchés la semaine dernière d'entrer en France via la frontière italienne.
La question de l'accueil des migrants devrait être évoquée dimanche lors de la rencontre entre François Hollande et Matteo Renzi en marge de l'exposition universelle de Milan.
A Milan, le ministre italien de l'Intérieur Angelino Alfano a fustigé la lâcheté des pays européens face à l'afflux de migrants sur les côtes italiennes.
"On ne peut pas fermer les yeux face à ce genre de pression qui n'est pas exercée sur l'Italie mais sur l'Europe", a-t-il dit à des journalistes. "Et les images en provenance de Vintimille (où se trouvent plusieurs dizaines de migrants-NDLR) sont un coup de poing dans la figure de tous les pays européens qui veulent fermer les yeux".
Depuis le début de l'année, quelque 51.000 migrants sont arrivés en Europe en traversant la Méditerranée, dont 30.500 qui ont été recueillis en Italie. Environ 1.800 se sont noyés en tentant la traversée, selon les Nations unies.
(Marine Pennetier, avec Steve Scherer à Milan, édité par Yves Clarisse)