Nicolas Sarkozy a appelé jeudi les pays européens à "faire preuve d'esprit de responsabilité et du sens des compromis nécessaires" pour défendre l'euro menacé par la crise persistante de la dette grecque, lors d'un discours à Paris devant un forum d'agriculteurs.
"J'en appelle à chacun pour faire preuve d'esprit de responsabilité et du sens des compromis nécessaires sur lesquels l'Europe s'est bâtie. Il faut défendre notre monnaie unique, défendre les institutions européennes", a déclaré M. Sarkozy en ouvrant les travaux du "G-120", un forum mondial des agriculteurs organisé par la FNSEA, principal syndicat agricole français.
"Au cours des semaines passées, un débat public s'est développé sur les formes, mais non sur le principe, du soutien à la Grèce. Ce débat n'est pas illégitime et je comprends que chacun de nos Etats, chacune de nos institutions veuille faire valoir son point de vue", a-t-il ajouté.
"Ce dont nous avons besoin le plus aujourd'hui, c'est d'unité. Il faut sortir des querelles nationales pour retrouver le sens de notre destin commun (...) c'est notre devoir à tous de tout faire pour préserver la stabilité de la zone euro car, sans stabilité, il n'y a pas de croissance possible pour chacun d'entre nous", a insisté le chef de l'Etat.
Les ministres des Finances de la zone euro et de l'Union européenne (UE) ne sont pas parvenus mardi soir à se mettre d'accord sur un nouveau plan d'aide financière à la Grèce, en raison de divergences sur l'aide à demander aux banques créancières du pays. Les ministres de la zone euro doivent à nouveau se retrouver dimanche et lundi à Luxembourg.
M. Sarkozy doit rencontrer vendredi la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin pour tenter de rapprocher les points de vue français et allemand sur ce dossier avant le Conseil européen de la semaine prochaine à Bruxelles.
Berlin exige qu'un nouveau plan d'aide à la Grèce s'accompagne d'une "participation du secteur privé" mais Paris est nettement plus timoré sur la question, craignant les effets d'une restructuration de la dette grecque.
Le ministre du Budget François Baroin a rappelé mercredi les conditions posées par Paris à l'effort à demander au secteur privé.
"Sur l'éventuelle association du secteur privé, ce serait uniquement sur la base du volontariat. Cela ne doit pas conduire à un événement de crédit, c'est-à-dire à un défaut de paiement. Et c'est en pleine coopération avec la Banque centrale européenne" (BCE), a énuméré M. Baroin.
A la veille de son déplacement à Berlin, Nicolas Sarkozy a répété que l'euro était, avec la politique agricole commune (Pac), "l'une des grandes réalisations européennes". "Sans euro, il n'y a pas d'Europe et sans l'Europe il n'y a pas de paix et de stabilité possibles (...) nous n'avons pas le droit de fragiliser l'euro", a-t-il souligné.