PARIS (Reuters) - L'ex-premier ministre François Fillon, candidat à l'investiture du parti Les Républicains (LR) pour l'élection présidentielle de 2017, souhaite que la France réforme rapidement sa fiscalité pour remplacer Londres en tant que place financière de l'Europe.
Le vote des Britanniques en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne pose la question du devenir de Londres en tant que place financière de l'Europe.
"C'est une bataille qu'il faut absolument mener. La Grande-Bretagne ne peut pas garder le bénéfice du passeport financier qui permet aux banques britanniques d'avoir les mêmes droits que les banques européennes dans l'espace européen", a dit François Fillon lors du Grand Rendez-vous Europe 1-Le Monde-iTELE.
"Les Britanniques ont pris une décision qui engage leur avenir. Nous ne pouvons pas accepter que cette décision n'ait pas d'effet sur la place financière de Londres", a-t-il ajouté.
L'ex-Premier ministre ne doute pas qu'une partie au moins de la place londonienne déménagera, les destinations les plus plausibles étant aujourd'hui Paris et, surtout, Francfort.
"Je pense que Francfort est aujourd'hui, pour toute une série de raisons et en particulier en raison de la politique allemande et du sérieux de la politique économique allemande, une destination probable", a dit François Fillon.
A moins que la France démontre "dans un délai très court" que Paris peut accueillir une place financière européenne.
Pour François Fillon, une des principales conditions est que la France procède aux réformes fiscales et réglementaires qui permettent ce transfert dans de bonnes conditions.
RENFORCER L'EURO
Ce qui vaut pour les activités financières vaut aussi pour les autres activités économiques, a-t-il fait valoir.
"Il ne suffit pas de dire qu'on déroule le tapis rouge", a-t-il expliqué. "Tant qu'on a une fiscalité de l'investissement en France qui est totalement confiscatoire et qui conduit à laisser notre pays progressivement se faire racheter par les fonds de pension anglo-saxons, il n'y a aucune chance que le tapis rouge que nous déroulerons soit accueillant."
Pour François Fillon, la priorité pour les Européens, après le vote en faveur du brexit, est par ailleurs de renforcer la zone euro, notamment pour enrayer l'influence dominante du droit américain sur l'économie européenne.
"Il n'y a qu'une seule façon de stopper ça, c'est d'avoir (...) un euro qui soit une monnaie de réserve et une monnaie de réglementé", a-t-il expliqué.
"Ce que je réclame, c'est que chacun reste chez soi, que les Etats-Unis s'occupent de leurs affaires et l'Europe des siennes (...) Ça suppose d'avoir une monnaie européenne qui assure notre indépendance face au dollar", a-t-il ajouté.
Pour ce faire, François Fillon juge nécessaire une harmonisation fiscale de la zone euro, au moins au niveau de la fiscalité des entreprises, ainsi que la constitution d'un "gouvernement de la zone euro".
Selon lui, un nouveau traité n'est pas nécessaire. En tout état de cause, "on est très très très loin aujourd'hui d'être capable de négocier un nouveau traité", a-t-il ajouté, prenant le contre-pied de l'ancien président Nicolas Sarkozy, son rival dans la course à l'élection présidentielle.
(Emmanuel Jarry)