PARIS (Reuters) - Manuel Valls estime que les syndicats opposés au projet de loi Travail devraient renoncer aux rassemblements prévus lors de leur prochaine journée d'action, jeudi, en raison du contexte de sécurité actuel.
Dans une interview au Journal du Dimanche, le Premier ministre indique qu'il y aura des discussions sur le sujet dans les prochains jours entre les organisateurs et la préfecture de police de Paris et que le gouvernement "prendra ses responsabilités" s'il le faut.
"Compte tenu de la situation, des violences qui ont eu lieu, de l'attentat odieux contre le couple de policiers mais aussi de la tenue de l'Euro, les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements. C'est du bon sens !", dit-il, ajoutant que "la CGT doit sortir de l'impasse".
"Il y aura dans les prochains jours des discussions entre la préfecture de police de Paris et les organisateurs afin de voir si les conditions sont réunies pour qu’un rassemblement se tienne", déclare Manuel Valls.
"Le principe de notre droit, c'est la liberté de manifester. La responsabilité du gouvernement, c'est s'assurer que les conditions de sécurité sont remplies", poursuit-il.
"Or c'est un fait : des syndicalistes peuvent agir avec des casseurs, c'est inadmissible. Les organisateurs ne veulent pas prendre leurs responsabilités, se désolidariser clairement des violences, si nous constatons que ces manifestations font peser de nouveau un danger pour les forces de l’ordre et les biens publics, alors le gouvernement prendra ses responsabilités."
Dans la matinée, le numéro un de la CGT a réaffirmé que le problème venait selon lui des consignes de non-intervention données aux policiers et qu'il n'était pas question d'annuler la journée d'action de jeudi, ni celle du 28 juin.
"Tant que nous aurons ce problème avec le texte du gouvernement, et il existe encore, (...) ce sera maintenu", a déclaré Philippe Martinez lors du Grand rendez-vous Le Monde-iTELE-Europe 1, rejetant la responsabilité de la mobilisation sur un gouvernement qu'il juge inflexible.
"L'été, tout le monde a besoin de se reposer, mais il y aura des formes de mobilisation", anticipe-t-il par ailleurs.
INSINUATIONS
Cette semaine, le Premier ministre a laissé entendre que le gouvernement pourrait interdire des manifestations après les violences qui ont émaillé celle de mardi à Paris contre le projet de loi.
"Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestation sur Paris", avait-il dit.
Manuel Valls prend la défense des forces de l'ordre face aux accusations de violence policière des opposants au projet de loi et dément fermement qu'elles aient reçu pour consigne de laisser les casseurs agir.
"Jamais nos forces de l’ordre n’ont eu à faire face à autant de situations difficiles en même temps", dit-il au JDD, pour ajouter :
"Alors que deux policiers viennent d’être sauvagement assassinés, je supporte encore moins les insinuations concernant notre police républicaine sur des prétendues consignes de laisser-faire pour discréditer le mouvement ou sur les soi-disant violences policières."
"Ceux qui discréditent les mouvements sociaux sont ceux qui ne condamnent pas les violences, voire même y participent. Donc il est temps de se désolidariser de toute forme de violence", déclare-t-il encore.
Manuel Valls se défend de toute "posture" dans la bataille autour du projet de loi qui l'oppose à la CGT et à son secrétaire général.
"Je crois au compromis dans l’entreprise et dans la nécessité de faire confiance aux acteurs de terrain", souligne-t-il.
"Nous sommes dans un moment de clarification syndicale mais aussi de clarification politique au sein de la gauche. Si nous cédions à la rue, si nous retirions le texte, si nous remettions en cause sa philosophie, ce serait une régression pour les salariés, un coup porté à l’autorité de l’État, cela voudrait dire qu’on ne pourrait plus réformer sauf par la brutalité."
(Yann Le Guernigou et Simon Carraud, édité par Jean-Philippe Lefief)