Sept ans après sa nationalisation au coeur de la crise financière, la banque néerlandaise ABN Amro effectue vendredi à Amsterdam son grand retour sur les marchés pour ce qui est considéré par les analystes comme la plus grosse entrée en Bourse du pays.
La banque néerlandaise, qui a beaucoup changé depuis 2008, offrira 20% de son capital aux investisseurs et espère lever jusqu'à 3,38 milliards d'euros lors de cette première tranche.
Si l'opération est un succès, et c'est le cas selon l'agence Bloomberg, les banques chargées de coordonner cette entrée en Bourse peuvent exercer leurs options pour vendre 3% d'actions supplémentaires.
ABN Amro et la fondation représentant le gouvernement avaient en premier lieu fixé une fourchette de prix entre 16 et 20 euros. Ils avaient néanmoins restreint ce chiffre mercredi, selon Bloomberg : entre 17,50 euros et 18 euros par action.
Ce chiffre est plus proche de la réalité, selon les analystes: "tout le monde pensait que la première fourchette était trop large", assure à l'AFP Joost Vespers, de la banque néerlandaise Theodoor Gilissen.
La période d'offre a débuté mardi et s'achève jeudi en fin d'après-midi. Afin d'éviter que seuls les plus importants fonds d'investissements et autres investisseurs "institutionnels" ne mettent la main sur les actions d'ABN Amro, 10% d'entre elles ont été réservées pour des investisseurs particuliers aux Pays-Bas.
Selon le gouvernement, la nationalisation du groupe a coûté quelque 22 milliards d'euros. Les médias néerlandais, citant des calculs de la Cour des comptes, évoquent jusqu'à 32 milliards d'euros.
- Métamorphose -
Les cotations débuteront vendredi à l'ouverture de la Bourse d'Amsterdam à 09H00 (08H00 GMT).
"Je ne pense pas qu'il y aura de fortes tendances à la hausse ou à la baisse", assure M. Vespers: "ABN Amro est vue comme une banque un peu ennuyeuse, sans grande possibilités de croissance sur le long terme".
ABN Amro s'est métamorphosée depuis son rachat en 2007 par un consortium formé par Banco Santander (MC:SAN), RBS et Fortis. L'offre d'achat, de 71 milliards d'euros, était l'une des plus importantes de l'histoire du secteur bancaire, mais s'est avérée lourde à digérer pour les acheteurs.
Le belgo-néerlandais Fortis avait mis la main sur les activités néerlandaises d'ABN Amro, mais avait à son tour été démantelé en octobre 2008 au coeur de la crise financière, pour éviter sa faillite.
L'ABN Amro actuelle est issue de la fusion en 2010 des actifs d'ABN Amro que Fortis détenait, et des activités néerlandaises de Fortis Bank, nationalisées donc en 2008.
Aujourd'hui centrée sur le marché néerlandais, ABN Amro est surtout une banque commerciale et "aux Pays-Bas, cela signifie surtout le marché des prêts hypothécaires, où de nouveaux acteurs augmentent sans cesse la compétition", assure M. Vespers.
La semaine dernière, la banque s'était réjouie de nouveaux résultats en hausse pour le troisième trimestre. Le bénéfice net était ressorti à 509 millions d'euros, soit une augmentation de 33% sur un an.
"Je pense que cette opération sera la plus grande entrée en Bourse jamais effectuée aux Pays-Bas", ajoute M. Vespers.
Selon Bloomberg, il s'agit de la plus importante entrée en Bourse bancaire en Europe depuis que la russe VTB a levé 6 milliards d'euros il y a huit ans.