PARIS (Reuters) - Arnaud Montebourg et Yanis Varoufakis ont livré dimanche un réquisitoire contre l'austérité en Europe et ont plaidé pour une réorientation de la politique économique en Europe davantage respectueuse des décisions populaires.
L'ex-ministre grec des Finances, qui a quitté le gouvernement d'Alexis Tsipras début juillet après avoir été le tenant d'une ligne dure face à la troïka, était l'invité d'honneur de la "Fête de la Rose" organisée chaque année par l'ex-ministre de l'Economie, "en retrait" de la vie politique depuis son départ du gouvernement l'an dernier.
S'exprimant successivement à la tribune à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), les deux hommes ont dénoncé "le coup de force" des institutions européennes qui ont contraint Athènes à signer une nouvelle série de mesures d'austérité.
"C'était une capitulation pour notre gouvernement mais surtout une grande défaite pour la démocratie en Europe", a déclaré l'ex-ministre grec. "Notre printemps d'Athènes a été écrasé, comme le printemps de Prague. À la place des chars, c'était des banques".
Pour Arnaud Montebourg, la zone euro est "devenue un triangle des Bermudes pour le suffrage universel où toutes les décisions populaires et référendaires se perdent, disparaissent englouties".
"Elle est devenue une zone tenue par une oligarchie politique", a-t-il souligné. "Le message que nous défendons avec Yanis Varoufakis c'est un message consistant à dire nous devons créer l'euro démocratique", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.
"Ce sont les citoyens qui doivent exiger maintenant une évolution considérable de l'Europe et notamment de la zone euro pour que celle ci réponse aux besoins de la population".
Arnaud Montebourg, qui a précisé qu'il faisait toujours parti du Parti socialiste, a décoché une flèche à la politique économique menée par François Hollande.
"Vous votez pour la gauche française et vous vous retrouvez avec le programme de la droite allemande au pouvoir", a-t-il dit, provoquant les rires de l'assemblée.
Interrogé cette semaine sur cette rencontre, le porte-parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll, s'était refusé à tout commentaire.
"Je connais les réunions de Frangy à l'initiative d'Arnaud Montebourg. C'est sa responsabilité, on verra ce qui sera dit", s'était-il contenté de dire.
(Marine Pennetier, édité par Pierre Serisier)