Actuellement responsables d'un quart des émissions mondiales de CO2, les transports pourraient demain contribuer à résoudre l'équation climatique, grâce au développement de modes de déplacement moins polluants, comme viennent de le réaffirmer des responsables mondiaux du secteur.
Les ministres des Transports de 54 pays, réunis à Leipzig (Allemagne) pour leur sommet annuel, ont appelé à inscrire les transports à faible carbone dans l'accord sur le climat qui sera signé en décembre à Paris, pendant la conférence COP21.
"Le nouvel accord international sur le climat, qui doit être établi et signé par la COP21, devrait encourager l'intégration du transport à faible carbone dans les politiques mondiales sur le changement climatique et le développement durable", ont affirmé les ministres dans une déclaration publiée jeudi durant le "Davos des transports", affilié à l'OCDE.
Mercredi, José Viegas, secrétaire général de ce forum international des transports (ITF), avait exhorté ses homologues à profiter de ces trois jours pour établir "ce qui peut et doit être fait pour faire de la COP21 un succès dans le domaine des transports".
Ceux-ci représentent environ 25% des émissions mondiales de CO2, selon l'Agence internationale de l'énergie. Ils ont donc un rôle important à jouer pour parvenir à limiter à 2 degrés le réchauffement climatique, selon l'accord attendu à l'issue de la COP21, qui doit être signé par 195 pays et l'Union européenne.
Le ministre néo-zélandais des Transports, Simon Bridges, qui préside l'édition 2015 du forum ITF, a fait état des "grands espoirs" qu'il y place, pour voir la COP21 aboutir à un accord satisfaisant.
La demande était même venue de l'ONU, puisque son secrétaire général Ban Ki-moon, avait appelé les ministres, mercredi, à "accélérer" leurs efforts de lutte contre les changements climatiques, et demandé à "trouver de nouvelles solutions vertes".
Les pays de la conférence de l'ONU sur le climat se retrouvent à partir de lundi à Bonn (Allemagne) pour plancher sur le tout premier accord multilatéral, en amont de la grande conférence de Paris.
- Agir sur plusieurs fronts -
L'innovation, la technologie, le numérique, doivent permettre, selon les ministres, de mieux utiliser les moyens de transport.
Pour le secrétaire d'Etat français aux Transports, Alain Vidalies, qui s'exprimait jeudi depuis Leipzig, l'innovation est "dynamique" dans ce secteur, et "concerne tout autant les technologies, (...) que les services, les comportements et les nouveaux mode de gouvernance".
C'est "l'ensemble des composantes des systèmes de transports qu'il faut mobiliser pour des résultats tangibles et pérennes et qui pourront soutenir la transformation de nos sociétés vers une mobilité compétitive et durable", a-t-il déclaré.
José Viegas a lui aussi souligné la nécessité d'"agir sur plusieurs fronts, la technologie en est un, mais un grand nombre d'actions peuvent être menées, sur les prix, sur la règlementation, sur les efforts commerciaux, etc."
Ainsi, a-t-il détaillé, "il y a des choses que nous pouvons facilement mettre en œuvre", citant par exemple "la mobilité partagée dans les espaces urbains, (qui) permettent de réduire considérablement les émissions, sans affecter le temps de trajet des gens", notamment par une "réduction significative des embouteillages".
Ou la voiture autonome, sans conducteur, qui, devenue transport en commun, viendrait chercher ses passagers: "si vous avez une bonne information en temps réel, vous pouvez réaffecter des voitures pour le système de transport public, et répondre à la demande en temps réel".
Quant aux trajets longue distance, il estime "que le chemin de fer pourrait faire beaucoup mieux qu'aujourd'hui", et pointe la responsabilité des opérateurs ferroviaires, qui "doivent être plus proactifs, (...) avoir cette responsabilité environnementale. Il ne s'agit pas uniquement des émissions sur le tonnage que vous transportez, mais également du nombre de tonnes que vous ne transportez pas, parce que vous ne vous battez pas pour cela sur le marché".