TOULOUSE (Reuters) - L'actionnaire privé Casil Europe et l'Etat ont voté mardi pour le versement de 100% des bénéfices de l'exercice 2018 de la société Aéroport Toulouse-Blagnac, soit 16,2 millions d'euros, sous forme de dividendes.
Les quatre actionnaires publics locaux de la société d'exploitation de l'aéroport toulousain ont voté contre cette résolution en assemblée générale.
La Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse, Toulouse Métropole, la Région Occitanie et le Département de Haute-Garonne, qui détiennent 40% du capital d'ATB, dénoncent la « logique de rendement immédiat » et « la gestion strictement mercantile » de Casil Europe depuis son entrée au capital d’ATB.
La société de droit français Casil Europe, issue du consortium chinois Symbiose formé par l'entreprise d’Etat Shandong Hi-Speed Group et le fonds d'investissement Friedmann Pacific Asset Management, a racheté 49,99% des parts de l'Etat dans la société ATB en avril 2015 pour 308 millions d'euros.
Entre 2015 et 2017, 41,6 millions d'euros de dividendes ont déjà été versés aux six actionnaires d'ATB, soit 20,7 millions d'euros pour Casil Europe et 20,8 millions d'euros pour les collectivités et l'Etat qui conserve 10,01% du capital.
Les collectivités actionnaires ne s'étaient jusqu'alors opposées qu'à la résolution de Casil Europe de puiser dans les réserves, ponctionnées à hauteur de 16,5 millions d’euros depuis 2015.
Pour clarifier la politique de dividende, les six actionnaires d'ATB avaient signé le 21 décembre dernier un accord prévoyant le versement durant cinq ans, de l’intégralité du résultat net sous forme de dividendes.
Mais le fait que Casil Europe ait fait part en janvier 2019 de son intention de revendre ses titres puis annoncé en mai être entré en négociations exclusives avec le groupe Eiffage (PA:FOUG), a changé la donne pour les actionnaires locaux.
"Quelques jours après avoir signé l’accord sur les dividendes, nous avons appris que Casil Europe voulait revendre ses parts. La confiance a fait place à la défiance", résume Pascal Boureau, représentant du département de Haute-Garonne au conseil de surveillance.
"La situation de l’aéroport est bonne mais nous vivons une période d’incertitude liée à une baisse du trafic et au Brexit. Nous devons consolider les moyens financiers d’ATB c'est pourquoi nous avons voté contre la distribution de 100% du résultat net sous forme de dividendes", a-t-il expliqué.
"Nous avons proposé 50% comme cela se fait dans les autres aéroports et nous regrettons que l'Etat n'ait pas soutenu notre position dans ce contexte-là", a dit Pascal Boureau.
Concernant les négociations avec le groupe Eiffage, Casil Europe indique que les « choses avancent ».
Les discussions avaient été suspendues dans l'attente de la décision du Conseil d'Etat qui le 9 octobre dernier a validé la procédure de cession d'avril 2015 contestée par les opposants à la privatisation. Un accord de principe a été trouvé et un montant a été fixé. Nous sommes dans l’attente des décisions de la DGAC et de l’Autorité de la concurrence », a indiqué à Reuters un porte-parole.
(Johanna Decorse, édité par Sophie Louet)