PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a été mis en examen mardi dans l'enquête sur le financement de sa campagne présidentielle de 2012, a annoncé le parquet de Paris dans un communiqué.
L'ancien président devra répondre du chef de financement illégal de campagne électorale pour avoir, en qualité de candidat, dépassé le plafond légal de dépenses électorales, ce qui risque de contrecarrer ses ambitions pour 2017.
Entendu pendant une dizaine d'heures, Nicolas Sarkozy a par ailleurs été placé sous le statut de témoin assisté pour les chefs d'usage de faux, escroquerie et abus de confiance, précise le parquet.
Peu après l'annonce de sa mise examen, l'avocat de l'ex-chef de l'Etat, Thierry Herzog, s'est présenté devant les journalistes pour expliquer qu'il allait déposer des recours et faire part de sa "satisfaction".
"Aucun fait lié au dossier dit Bygmalion n'est reproché au président Sarkozy", a-t-il dit.
"Le juge d'instruction a considéré que l'infraction formelle de dépassement du compte électoral qu'il avait signé était constituée et il n'a été mis en examen que de ce chef. C'est donc une satisfaction", a également déclaré Thierry Herzog.
Le chef de financement illégal de campagne électorale est passible de 3.750 euros d'amende et d'un an de prison.
L'enquête portait à l'origine sur des fausses factures présumées émises pour un montant de 18 millions d'euros par la société Bygmalion pour couvrir des dépassements du budget de la campagne 2012.
Elle a été élargie en octobre à d'autres dépenses de l'ex-UMP, d'un montant de 13,5 millions d'euros.
Ce nouvel épisode judiciaire intervient au plus mauvais moment pour le président des Républicains, à la peine dans les sondages et contesté dans son camp comme a pu le confirmer le Conseil national du parti le week-end dernier.
"La chasse au Sarko est ouverte, il a déjà pris quelques plombs ce week-end", a lâché dans la journée un député LR.
"DONNÉE EXOGÈNE"
L'ancien président, qui a concédé que sa participation à la primaire de la droite et du centre de novembre n'était ni "obligatoire" ni "automatique", n'a toujours pas fait connaître ses intentions.
"Au fond, cela devrait être un parcours initiatique obligé pour toute personne aspirant à exercer les responsabilités du pouvoir de se retrouver, un jour, dans la peau du 'gibier', c'est-à-dire de celui qui, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, devient à un instant donné coupable, forcément coupable", écrit-il ans "La France pour la vie", le livre qu'il a publié fin janvier.
Un argumentaire sur "la présomption de culpabilité" qu'entendent encore ses partisans, la base militante de LR, mais qui ne porte guère au-delà.
Sur France 2, le 4 février dernier, Nicolas Sarkozy avait de nouveau protesté de son innocence en prenant à témoin les Français : "Quand on dit que ma campagne s'est emballée, c'est faux. (...) Je dis aux Français, 'Jamais je n'ai trahi votre confiance'".
"Si j'avais le moindre doute sur le sujet, je ne serais pas revenu", avait-il ajouté.
Dans l'entourage d'Alain Juppé, qui surclasse ses concurrents dans les sondages, on se refuse à tirer le moindre enseignement et le moindre profit de l'événement.
"C'est une donnée exogène. On n'en espère rien. On a envie de gagner à la loyale", assure-t-on.
Jean-François Copé, qui est entré dans la course après que les juges n'eurent retenu aucun élément à son encontre dans le dossier Bygmalion, avait déclaré dimanche soir : "Je n'aurais pas considéré pouvoir être candidat si j'avais été mis en examen."
(Gérard Bon, Simon Carraud et Sophie Louet, édité par Myriam Rivet)