par Ayesha Rascoe et Ernest Scheyder
DALLAS, Texas (Reuters) - "L'Amérique n'est pas aussi divisée que certains le suggère", a assuré samedi Barack Obama Barack Obama, deux jours après la mort de cinq policiers de Dallas, tués par un ancien réserviste noir de l'armée.
"On ne peut pas prétendre qu'il y a une énorme polarisation et qu'on est revenu à la situation des années 60. On ne voit pas d'émeutes. On ne voit pas la police s'en prendre à des gens qui manifestent pacifiquement", a-t-il poursuivi, s'adressant à la presse à Varsovie, en marge du sommet annuel de l'Otan.
Le président des Etats-Unis, qui a écourté sa visite en Europe, doit se rendre à Dallas où la tension reste vive, trois jour après la fusillade.
L'accès au quartier général de la police de la ville ainsi qu'aux bâtiments alentours a été fermé samedi et les forces spéciales ont été déployées après des menaces anonymes à l'encontre des forces de l'ordre, mais aucun suspect n'a été arrêté et l'alerte a été levée.
Les tirs de jeudi ont été imputés à Micah Johnson, un Afro-Américain de 25 ans, réserviste de l'armée qui a servi en Afghanistan. Avant d'être à son tour tué par la police, il a dit avoir agi pour venger la mort de deux Noirs tués par des policiers dans le Minnesota et en Louisiane, quelques jours auparavant.
"Quelles que soit leur race et leurs origines, les Américains sont à juste titre scandalisés par les inexcusables violences commises à l'encontre de la police, que ce soit à Dallas ou ailleurs", a poursuivi Obama.
Ils le sont également par le problème "plus large et persistant de la différence de traitement dont les Afro-Américains et les Latinos font l'objet dans notre système judiciaire".
"COMPLIQUER LA TÂCHE" DES MALFAITEURS
"L'individu atteint de démence qui a commis les attaques de Dallas n'est pas plus représentatif des Afro-Américains que le tireur de Charleston ne l'était des Américains blancs, pas plus non plus que ceux d'Orlando ou de San Bernardino ne l'étaient des Américains musulmans", a souligné le président, évoquant des fusillades récentes, avant de prôner à nouveau une réforme de la législation sur les ventes d'armes, dont les républicains, majoritaires dans les deux chambres du Congrès, ne veulent pas.
"Pour ce qui est de la question des armes, je vais insister sur le fait qu'on ne peut pas dissiper du jour au lendemain toutes les tensions raciales de notre pays. Nous n'allons pas pouvoir identifier et neutraliser, en amont, tous les déséquilibrés qui voudraient s'en prendre à des innocents, mais nous pouvons leur compliquer la tâche", a ajouté Barack Obama.
Il semble toutefois peu probable qu'il propose un nouveau projet de loi limitant sur le sujet avant la fin de son mandat, en janvier. Les élus se sont déjà opposés à trois mesures proposées après la tuerie du 12 juin dans un club gay d'Orlando qui a coûté la vie à 49 personnes.
Les inquiétudes suscitées par celle de Dallas n'ont pas mis fin aux manifestations contre les violences policières, qui ont débuté après la mort de Philando Castile, mercredi soir à Saint Paul, dans la banlieue de Minneapolis, dans le Minnesota, et celle d'Alton Sterling, mardi à Bâton-Rouge, capitale de la Louisiane.
Les deux villes ont été le théâtre de défilés tendus, samedi. A Minneapolis, les manifestants se sont vus interdire l'accès à un festival de musique, puis ont bloqué un grand axe de circulation en début de soirée pendant environ deux heures.
Trois membres des forces de l'ordre ont été blessés par des jets de pierres, de bouteilles et de cocktails Molotov à Saint Paul. Plusieurs personnes ont été arrêtées et la police a fait usage de fumigènes et de cartouches de marquage pour disperser la foule.
Selon plusieurs manifestants, la police a fait usage de gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc ont été tirées.
Des heurts ont également éclaté à Bâton-Rouge, où une trentaine de personnes ont été arrêtées.
D'autres manifestations ont eu lieu à Washington, à San Francisco, à Nashville, à Indianapolis et à New York, un millier de personnes ont bloqué la circulation sur la Cinquième Avenue.
(Carlo Allegri avec Laila Kearney à New York; Julie Carriat pour le service français, édité par Danielle Rouquié)