par Jonathan Spicer
NEW YORK (Reuters) - La numéro deux de la Réserve fédérale a déclaré lundi que les dépenses budgétaires et autres mesures pour améliorer la productivité pourraient aider la Fed à soutenir l'économie américaine.
Stanley Fischer est ainsi le dernier responsable en date à entrer dans le débat post-électoral sur la politique à mener par le futur gouvernement des Etats-Unis après la victoire de Donald Trump à la présidentielle.
Le vice-président de la Fed a ajouté que le raffermissement du dollar n'empêcherait pas la Fed de faire ce qui lui semble approprié pour l'économie du pays, alors que les investisseurs s'attendent à une hausse de taux le mois prochain.
La hausse du dollar "ne nous empêchera pas de faire ce que nous devons faire pour l'économie" américaine, a-t-il dit en réponse à un tir nourri de questions lors d'une intervention devant le Council on Foreign Relations, un cercle de réflexion.
Déjà porté par les anticipations de resserrement monétaire, le dollar a atteint ses plus hauts de plus de 13 ans face à un panier de devises de référence à la suite de l'élection présidentielle du 8 novembre, porté par les projets économiques du président élu Donald Trump. Ce dernier a promis des baisses d'impôts et des dépenses dans les infrastructures, ce qui a fait monter les rendements des emprunts du Trésor américain.
Tout en notant que l'incertitude restait "énorme" quant à l'orientation que prendrait la politique de Donald Trump et du Congrès à majorité républicaine, Stanley Fischer a alerté contre le risque "de chercher de nouveaux ennuis" en éliminant certaines des nouvelles réglementations financières regroupées dans la loi Dodd-Frank.
En revanche, "certaines politiques budgétaires, qui améliorent notamment la productivité, peuvent renforcer le potentiel de l'économie et aider à faire face à certains de nos défis économiques à plus long terme", a dit Stanley Fischer.
NE PAS OUBLIER LA CRISE DE 2007-2009
"Une combinaison d'infrastructures publiques modernisées, d'une meilleure éducation, d'un encouragement accru de l'investissement privé et d'une réglementation plus efficace ont un rôle à jouer pour promouvoir une amélioration plus rapide de la productivité et des conditions de vie", a-t-il dit.
L'économie américaine, huit ans après avoir touché le fond de sa phase de récession, est aujourd'hui proche des objectifs de la banque centrale en termes d'emploi et d'inflation, a dit Stanley Fischer, ajoutant qu'elle se porte "relativement bien".
Nous "ne pouvons pas nous permettre" d'oublier la crise financière de 2007-2009, a-t-il par ailleurs déclaré en réponse à une question sur la promesse de Donald Trump de revenir sur la loi Dodd-Frank mise en place en 2010 pour réduire le risque de crise lié aux banques en les obligeant, entre autres, à renforcer leurs fonds propres.
Après sept ans de taux d'intérêt proches de zéro et environ 3.500 milliards de dollars (3.300 milliards d'euros) de rachats d'obligations, la Fed a décidé en décembre dernier de commencer à relever ses taux directeurs. Les propos du vice-président de la Fed sont venus confirmer les anticipations déjà élevées d'un nouveau resserrement monétaire le mois prochain.
Il a dit qu'une politique de relance budgétaire pourrait interrompre ces années de politique monétaire accommodante.
"Il y a eu une certaine appréciation du dollar" depuis l'élection, a-t-il souligné, notant que l'indice pondéré en fonction des échanges commerciaux avait été affecté par la "dépréciation significative" du peso mexicain.
"Sachant que les variations de taux de changes affectent l'emploi, (c'est) potentiellement assez important, mais ce n'est pas la seule chose qui se passe", a-t-il dit. "Cela ne nous empêchera pas de faire ce que nous devons sur la base de l'inflation et de l'emploi dans l'économie domestique."
(Bureau de New York; Bertrand Boucey et Juliette Rouillon pour le service français)