Grèves reconductibles dans les transports, nouvelles manifestations dans toute la France... à partir de mardi, l'opposition à la loi travail va tenter de se relancer, malgré l'adoption du projet en première lecture à l'Assemblée.
Sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, l'Unef, l'UNL et Fidl) ont appelé leurs organisations respectives à "construire" deux nouvelles journées de grèves et manifestations les 17 et 19 mai, les sixième et septième en un peu plus de deux mois.
Dans leur ligne de mire, le texte de la ministre Myriam El Khomri, adopté sans vote jeudi après le recours à l'article 49-3 et contesté jusque dans les rangs de la majorité.
Les syndicats jugent le texte trop favorable aux entreprises et pas assez protecteur pour les salariés, en particulier parce qu'il instaure la primauté des accords d'entreprises sur les accords de branche.
Mais "les salariés sont décidés à s'engager dans un mouvement dur", assurait récemment Philippe Martinez, le leader de la CGT.
Des grèves reconductibles sont ainsi prévues chez les routiers, dockers, marins, facteurs, à la SNCF ainsi qu'à Aéroports de Paris, le rejet de la loi travail se greffant parfois sur des revendications propres à chaque secteur.
Les routiers ouvriront le bal dans la nuit de lundi à mardi, à l'appel des fédérations FO et CGT. Un mouvement qui devrait toucher le Nord, Nantes, Caen, Marseille et surtout Bordeaux, mais pas l'Ile-de-France, selon FO, la CGT prévoyant de bloquer les ports du Havre et de Nantes-Saint-Nazaire.
A la RATP, le préavis déposé par la CGT ne couvre que la journée de mardi. Mais à la SNCF, la CGT-cheminots (premier syndicat) appelle à cesser le travail chaque mercredi et jeudi, et SUD-Rail (troisième) tous les jours à partir de mardi. Les cheminots entendent dénoncer la loi El Khomri, mais surtout peser dans les négociations en cours sur leurs conditions de travail. Le préavis de Sud-Rail s'étend jusqu'au 11 juillet, soit le lendemain de la finale de l'Euro de football.
Côté transports aériens, des débrayages sont attendus dès mardi à Aéroports de Paris à l'appel de la CGT notamment, tandis qu'une grève sera lancée jeudi par l'Usac-CGT, premier syndicat de la Direction générale de l'Aviation civile, qui représente les contrôleurs aériens, les administratifs ou encore les techniciens. Son impact sur le trafic sera connu mardi.
- Détermination -
Perturbations en vue aussi dans les ports mardi et jeudi à l'appel de la CGT, qui invite par ailleurs à un blocage progressif des produits pétroliers dans les raffineries.
Les opposants au projet de loi travail vont à nouveau battre le pavé mardi dans plusieurs villes à l'appel de l'intersyndicale.
A Paris, ils se retrouveront à 14 heures sur la place de l'Ecole militaire pour défiler en direction de Sèvres-Babylone, non loin du Sénat où la ministre du Travail Myriam El Khomri sera auditionnée par la commission des Affaires sociales.
Les manifestants se retrouveront une nouvelle fois dans la rue dès jeudi. Le cortège parisien défilera cette fois de Nation à place d'Italie.
Leur objectif: prouver leur détermination, malgré l'essoufflement constaté lors des dernières manifestations, moins fournies, et les casseurs qui, pour la première fois le 12 mai, s'en sont pris physiquement aux services d'ordre syndicaux.
"Le gouvernement n'arrivera pas à faire taire les jeunes", a assuré le président de l'Unef, William Martinet, lors de cette dernière mobilisation, qui a vu 55.000 personnes défiler en France, dont 43.000 en province, selon le ministère de l'Intérieur. Les syndicats n'ont donné de chiffre que pour la capitale (50.000 manifestants).
C'est loin des chiffres enregistrés au plus fort du mouvement, le 31 mars (390.000 manifestants selon les autorités, 1,2 million selon les organisateurs).
Mais les opposants sont bien décidés à jouer la montre, le texte devant encore être débattu du 13 au 24 juin au Sénat pour un vote le 28, avant un nouvel aller-retour entre les deux chambres et une adoption définitive fin juillet.
Et le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, rappelait la semaine dernière qu'il y a dix ans, le contrat première embauche (CPE) avait été "adopté, voté, et retiré".